Putain !

Il fut un temps, je passais mon temps à refaire le monde. J'aimais ça. Changer le monde, le conformer, le confronter avec celui existant. J'ai toujours aimé ça, quel que soit l'endroit: la rue, un bar, un resto, une fac, une boite de nuit à 5H du matin. En étant bourré, clair, lisant l'Equipe, sirotant un café, jouant au billard, et faire tout un tas d'autres trucs cools. Les trucs cools qu'on ne fait plus quand on vieilli. Je dis on vieilli alors que c'est faux. Juste que le temps nous rattrape. Les gens disparaissent, tous ceux avec qui on avait une complicité le temps d'une soirée, de quelques semaines, de quelques mois.

Quand j'y pense, j'en ai connu des gens. Beaucoup. J'en ai serré des mains et j'en ai fait des bises. C'est fou comme ce monde riche s'évapore avec le temps. Si j'avais eu Facebook en ce temps là, j'aurais tapé dans le 2 000 amis/contacts tranquillement.

Parfois, je m'arrête sur chacune des personnes avec qui j'ai discuté, échangé, partagé. Il y en a eu un tas. Je me demande ce qu'ils font, où ils en sont, comment se passe leur vie. Est-ce qu'ils sont heureux ? Est-ce qu'ils ont vécu leur rêve ? Est-ce que tout se passe bien.

On m'a dit un jour, et c'était des paroles de quelqu'un d'autre, qu'en gros, je n'avais pas de personnalité et que je me calquais sur celle des autres. Que je me servais des autres. En gros. Comme je n'ai jamais pu savoir qui avait dit ça de moi, après avoir bien entendu essayé de tirer les vers du nez de cette personne, je suis resté sur ma faim. Cette phrase, voire cette petite discussion est toujours restée dans un coin de ma tête.

Ce qui était bizarre, en fait, c'était pas tellement cette phrase, ce bout de truc balancé comme ça une soirée de beuverie. Mais plutôt le fait que j'étais avec des gens qui ne s'intéressaient pas vraiment à moi. Parce que j'ai toujours eu une vie riche dans ma tête. J'étais aussi bien seul qu'accompagné. Aussi loin que je m'en souvienne. Et j'ai besoin des deux. Les deux sont complémentaires. J'ai autant peur d'être seul que j'en ai besoin. Autant peur d'être avec des gens que j'en ai besoin.

Cette phrase était donc drôle et fort peu à propos. Mais ces temps-ci j'y pense. Peut-être parce que je suis encore une putain de fois à un carrefour de ma vie. Encore une fois en train de cogiter pour rien. Encore une fois en train d'avoir peur de la vie. Et cette phrase me rattrape maintenant. Peut-être que je me suis fourvoyé toute ma vie. Peut-être aussi que pas mal de gens ne valent pas un clou. Je crois aussi que pas mal de gens ne valent pas un clou. Mais il n'y sont pour rien. Ils font leur vie. Si je dis ça, c'est parce qu'après tout, j'étais toujours considéré comme le side kick, le gars un peu étrange qui parlait beaucoup. J'étais peut-être aussi considéré comme un sale con. Mais ça aussi, c'est humain.

La seule chose que je sais, c'est que la plupart des gens ne sont pas vraiment clairs avec eux-mêmes ni ce qu'ils sont. Je croyais le contraire mais ils sont aussi paumés que moi. Ils ont juste subi les affres du temps, renoncé à une partie de leur rêve parce que ce n'était pas la réalité. Et que la réalité fait mal.

J'avoue que j'ai eu ma part de responsabilité. Les gens ne savaient finalement peu de choses sur moi. Que je passais du temps dans un magasin à monter la garde pour le fermer. Qu'on pouvait appeler à 3 heures du matin parce qu'il était cambriolé et qu'il fallait aller voir ça, en s'habillant vite et partant vite. Qu'il y avait les sorties, la fac, les cours, les soirées, les beuveries, et ma famille, mon autre job, ce lien que j'ai avec les membres de ma famille autre que de simples enfants et parents. Qu'il fallait qu'on se serre les coudes.

Ma vie, je la raconte pas souvent. Je devrais en parler à un psy. Mais un psy, on lui dit ce qu'on veut, on lui dit pas ce qu'il faut dire. On choisit, on sélectionne, on fait le malin et on essaye surtout de changer deux ou trois choses. Pour le présent.

Mais qu'est ce que je peux raconter en fait ? Les gens sont plus intéressés par eux-même que par les autres, en général. Rares sont ceux qui vont venir te voir et t'écouter. C'est pas de leur faute, on n'est pas programmé pour ça à la base. Il faut faire des études pour ça. Ou avoir cette faculté, à l'origine. C'est quelque chose qui fait souffrir, de toute façon. Il faut vraiment être dans le premier cas, être intéressé que par soi-même. Ça fait moins mal, ça coûte moins.

Mais on peut aussi se dire que je n'ai pas de personnalité.



Commentaires

  1. S'il y a bien une personne que je connais qui a une personnalité, c'est bien toi ! Et je ne parles pas que de "Monsieur Dextarian" qui est certes une représentation cohérente de celle-ci, mais qui reste en-deça de sa richesse dans la vraie vie.

    Oui, tu te poses beaucoup de questions, sur tout, et surtout sur ce qui nous semble à tous insignifiant. J'ai même tendance a te dire des fois que tu t'en poses trop. Mais je dis beaucoup de conneries. En fait, c'est nous qui nous ne nous en posons pas assez, par flemme et par confort intellectuel purement égoïste.

    N'arrètes jamais de tout remettre en question. Car toi, tu avances. Car toi, tu nous forces à avancer, meme si on est pas forcément d'accord avec toi.

    Toi tu es en mouvement permanent. Toi tu réfléchis le progrès. Toi tu es dans le vrai. Et ta personnalité, cet aspect là d'elle et bien d'autres encore, on l'adore et on en a besoin !!!!

    Bises mon ami ! Vivement que tu me retournes de nouveau le cerveau... :)

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    1. Merci pour ton commentaire, monsieur Feoh, ça me touche beaucoup :)

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  2. A la lecture, je me suis dit : " merde ! avec tous les gens qu'il a connu/qu'il connait... il y a en si peu qui le connaisse vraiment ?" Et je suis rassurée de lire le commentaire de Feoh. Je ne suis pas la seule à savoir qui tu es et à voir toute la beauté de ta personnalité. Tu es comme "un connecteur" au Monde. et tu nous permets de rester connecté ! ;-)

    On m'a déjà dit de ne pas changer et j'ai parfois eu du mal à l'entendre (surtout quand j'avais l'impression d'être plus un boulet ou une râleuse qu'autre chose). Et bien, là, j'ai envie de te dire la même chose : ne change pas ! Continue à évoluer, à nous faire évoluer par cascade, et vive ta personnalité putaing !!
    Tessy.

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  3. Tu devrais arrêter de vouloir être plus vieux que ce que tu ne l'es, ça fait 6 ans que je te vois écrire que tu as vieilli ou que tu es sans doute trop vieux pour telle ou telle chose, mais finalement tu as toujours le même age. Rassure-toi, l'âge vient tout seul, en temps et en heure, et inexorablement.
    Arrête d'avoir peur de la vie, essaie de penser plutôt à la vivre, tu auras tout le temps d'en avoir peur plus tard quand tu seras vraiment vieux et que ton corps commencera à lacher, là, tu pourras avoir peur d'une vie qui se transforme en enfer. Ouais je sais, ton corps te fais déjà mal, tu es à l'article de la mort..

    Arrête aussi de te révolter et te battre pour des causes qui te mène nulle part, affronte plutôt ta propre révolte intérieure. Toutes ces causes perdues dans lesquelles tu t'engages ne servent qu'a te masquer ce qui vraiment te révolte au fond de toi. Tu cours dans tous les sens pour ne pas affronter ce qui vraiment te turlupine. Tu veux défendre l'indéfendable ? Alors défends toi.

    Tu te poses 12 mille questions sur toi et ce que tu es, mais ton orgueil t’empêche d'accepter un avis extérieur ou une main tendue. Et je sais que tu diras encore que ce n'est pas vrai, parce que tu es près à accepter d'avoir tort (rarement) ou de réfléchir sur tel ou tel point de vue, mais sur toi-même tu n'en es pas capable. Et là encore, tu diras que c'est faux. Pourtant ça fait 6 ans que je te lis, que je t'écoute, que je t'observe, et voila le constat que j'en fais. Et quoi que tu en dises, je me trompe rarement sur les gens. Fais en ce que tu veux, fondamentalement ça m’empêchera pas de dormir, mais tu gâches trop de choses dans ta quête d'une raison d'exister.

    J'emmerde ceux qui vont me rentrer dedans d'avoir écris ça, a vrai dire je sais pas trop pourquoi je l'ai écris, je voulais même pas le faire au début, lassé de cette relation en élastique qui tourne en rond, même si je me dis que je m'en débarrasserai jamais totalement. Je crois que j'aimerai juste qu'un jour, un seul, tu sois capable d'écouter, simplement d'écouter ce qu'on te dis, et d’arrêter de considérer autrui comme un abruti sans vécu incapable de comprendre

    Après, qu'on puisse dire que t'as pas de personnalité ? Mouais, faut vraiment pas te connaitre pour te balancer ça. Que tu te nourrisse de la vie des autres pour enrichir la tienne, c'est pas vraiment un problème, beaucoup de gens font ça sans pour autant manquer de personnalité, bien au contraire. Tu devrais te connaitre suffisamment pour savoir que le manque de personnalité, c'est pas vraiment ton problème principal, bien au contraire.

    Voila, j'ai laissé un com', ni ma vie ni mon bonheur n'en dépendait

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