Les gens normaux n'ont vraiment rien d'exceptionnel ...

Putain, comment j'en suis arrivé là ? Je me le demande encore et toujours. J'ai beau tourner et retourner la question depuis quelques jours, je n'arrive toujours pas à trouver de réponse.

Je me voyais dessinateur, acteur, scénariste, réalisateur, maire, sénateur, cosmonaute qui va sur mars, Wolverine, guitariste, bassiste, super héros, flic, détective privé, mac, acteur de film porno, réalisateur de films porno, philosophe, grand escrimeur, écrivain, président d'une grand groupe, patron d'une petite affaire...

Et je ne suis rien de tout ça. Et à vrai dire, je ne sais pas où ça a merdé. J'arrive pas à voir à quel moment j'ai pas saisit une hypothétique chance de faire quelque chose de mes dix doigts dans les trucs cités plus haut (hormis Wolverine, peut-être..). Je crois que de là où je viens, il y avait strictement aucune chance pour que je puisse faire quelque chose de ça.

Et ça se confirme d'ailleurs encore maintenant. Pas plus tard qu'il y a deux jours, j'étais en train de discuter avec un monsieur jeune de quelques années de moins que moi, qui me disait, au milieu d'une conversation : Mais tu veux que je dise quoi, de ton blog? Que c'est fait par un mec du sud?

C'est pas faux tiens. J'ai quoi de plus, hormis que je viens du sud et que j'en ai jamais strictement parlé ici, depuis presque trois ans maintenant.

Que dire de ma pauvre gueule. Pas grand chose, hein. Je suis juste un mec du sud pour toi, une grande gueule pour la fille du fond, un mec vaguement intelligent pour la nana de seconde année de droit, un pauvre timide pour la nana que j'ai voulu serrer en seconde en me prenant un lamentable râteau, un pseudo rebelle pendant ma première année de droit foirée lamentablement, une espèce d'œuvre d'art vivante en parole pour une autre, un mec qui cherche à tout prix à contredire pour d'autres, quelques soient le sujet, un impulsif macho pour une autre...

Oué, je suis pas grand chose, c'est vrai. Et c'est peut-être ça qui me bouffe. Je sais pas pourquoi je me suis enfermé dans cette volonté de faire une thèse pendant des années, que j'ai pas pu terminé. Je sais pas pourquoi, au lieu de choisir une voie cool, j'ai galéré comme un sombre connard à faire des choses qui ne m'ont finalement rien apporté et va trouver du taf avec ce que j'ai comme diplômes, au final.

On me dit bien de passer des concours. Ah oui, les concours, ces machines à dénicher les élites pour les meilleures places. Oui, autant de diplômes pour passer des concours. Que j'aurais du mal à réussir maintenant, puisque les oraux sont des vrais entretiens d'embauche et que j'en ai jamais réussi un. Heureusement que quelques personnes m'ont simplement recruté sur CV, parce que sinon, je crois que j'aurais jamais bossé dans un truc à peu près intéressant. Il y a qu'en interim, pour faire le "manut", qu'on t'embauche sans rien te demander.

Que du bonheur. Mais rien de ce que j'aurais voulu faire. En plus, concentré sur mon sujet, les dernières années ont passé vite. C'est vrai que le temps passe vite putain. J'ai que 30 ans ou presque et je le ressent. Le temps passe trop vite et j'arrive à rien. Je me retrouve à ramer comme un beau diable pour trouver un truc qui me correspondra pas vraiment.

On me dit de me constituer un réseau. Cette blague. J'ai coupé les ponts par la force des choses ces dernières années et le peu de contacts que j'ai réussi à raviver ne mène à rien, au final. Parce que le temps passe trop vite, parce que j'étais peut-être pas assez vivant à l'époque. Je sais pas. J'avoue que j'ai toujours donné, en dépit de tout ce qui est cité plus haut, l'impression du mec absent, décalé mais absent, loin des choses de la vie et loin de tout ce merdier qui constitue le quotidien.

C'est vrai que, pour raviver un "réseau" (putain, ça me fait chier ce truc, c'est incroyable), je me suis même inscrit sur copain d'avant . Le site qui craint. Tu vois les gens, ils ont l'air tous heureux de leur vie. Ils ont mon âge, ils sont mariés, ont des gamins, sont prof au Mexique, posent avec leur copine, soit aux Bahamas, vont avoir des enfants alors qu'avec toi, c'était niet, travaillent dans la télé, sont devenues beaucoup plus mature et sexy maintenant, ont un vrai métier, une vraie situation et surement un Iphone (quoique non, à la réflexion faite, c'est pas la "génération" de l'I mes couilles, la mienne).

Le pire, c'est que je sais que je ne suis pas seul dans ce cas là, on est quelques dizaines de dizaine de milliers à être comme ça, à un certain moment. D'où le titre. C'est peut-être ça qui est moche. Avoir habité à Ploucville Les Thermes et ne s'être jamais bougé le cul pour en sortir, quand c'était le moment. Avoir pourtant côtoyé des "grands" de ce monde sans jamais pouvoir établir de vrais contacts (mais c'est pas en livrant leur courses tous les samedi qu'ils vont faire quelque chose pour toi). Avoir eu beaucoup d'ambition, de vouloir faire pleins de choses et au final, taper sur un PUTAIN (sans le G, putain, sans le G) de blog pour trois lecteurs qui nous connaissent vaguement et qui chercheront pas en à savoir plus. Parce que c'est ça ma putain de vie. Ca a toujours été ça. Le constat est amer, mais je le suis.

Je maudit toujours le jour où dame nature m'a doté d'un cerveau. Qui marche vite. Qui marche trop vite. Et qui finit donc par tourner en rond. Et qui ne me sert à rien, parce que je ne suis pas, je ne vais pas là où on a besoin de cerveaux qui marchent. Il y a pas d'usine, il y a pas d'entreprises qui cherchent de vrais cerveaux disponibles. Les gens, les chefs que j'ai cotoyé le sont souvent pour autre chose, mais rarement pour leur cerveau. Parce que la vie ne marche pas comme ça, parce que les sociétés ne se font pas comme ça. Parce que c'est trop fatiguant. C'est vrai, on me l'a dit un nombre incalculable de fois. Fatiguant. Les gens ne veulent pas de gens qui les fatiguent. Pourtant, j'ai pas souvent eu l'impression de les fatiguer.

Alors je ressasse, je cogite, je suis toujours dégouté par ce que je n'ai pas pu finir. Et je sais toujours pas où ça a merdé, où cette putain de vie, qui aurait dû être bien fun parce que je n'en ai qu'une et que je ne crois pas, malheureusement pour ceux qui croient, qu'il y ait quelque chose après la mort, m'a conduite à me poser cette question, là, maintenant, tout de suite.

Alors, c'est vrai, c'est quoi ce blog? A quoi il sert, pourquoi t'en as fait un? Et pourquoi j'en parlerais de ton blog? Je te dirais que j'en ai fait un parce qu'au lieu d'aller fouiller dans mes vieilles affaires pour faire le tri et de retomber sur des carnets entiers de bons mots du moment, je préfère les exposer ici, malgré le fait que ça n'intéresse personne parce que je suis pas une petite bonnasse de 20 ans bien propette sur elle mais qui montre un peu son cul quand même, que je ne suis pas un people de merde qui a rien foutu de sa vie à part passer à la télé, que je suis pas un requin à tricher par tous les moyens les plus vils pour avoir un compteur de visites qui s'affolent (bon ok, hormis quelques fois, mais c'est parce que ça m'amuse plus de faire ça qu'autre chose), que je bosse pas dans la cuisine ou que je suis pas une bonne mère de famille qui adore montrer ses putains de gosses à la face du monde, que je ne suis ni un vrai philosophe, ni un prof de fac qui a sa petite court à charmer, que je ne suis pas un mollusque qui fait rire les petits de 15 ans avec ses blagues pipi caca.

Non, je suis rien de tout ça. Je suis le mec que tu croisera dans la rue sans te retourner, le mec qui a l'air pas plus intéressant que la moyenne, le mec qui te donnera l'impression d'être timide (ça me rappelle un soi disant pote qui me connait tellement bien qu'il pense que je suis timide et qui veut toujours me donner ses conseils de merde... putain je hais ma vie, des fois), le type que t'auras t'oubliera donc.

Alors oué, je n'ai rien d'exceptionnel. Je n'en ai pas eu l'opportunité de vraiment le montrer. Ni le courage de faire certains choix, quitte à se couper un bras, comme j'aurais peut-être dû le faire à un moment. J'arrive même plus à avoir d'humour et de l'ironie et je prend bien mal les choses, en plus.

Tout ce blog, c'est ça. Tu peux donc aller cliquer ailleurs si ça te troue trop le cul de lire ma prose. De toute façon, je crois que j'ai décidé d'arrêter d'en faire de la pub et d'en parler autour de moi. J'en ai plein le bonbons des regards gênés, remarques polies ou ironiques sur le compte de ce truc quand j'en ai parlé. Si je n'y mettais pas un peu mon cœur, de beaucoup de mon temps libre (que j'ai de toute façon, faut bien le dire) dans ce machin, je m'en foutrais. Mais c'est pas le cas. C'est vraiment loin d'être le cas. j'ai pas choisi le terme Versatile pour donner une touche glam ou une autre connerie de ce genre. C'est juste que je dois lutter contre ça, contre le "ça dépend des jours" et que chaque fois que je clique dessus, ça me le rappelle constamment.

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