La vie s'arrête à 30 ans


Avant que 2012 n'arrive et que des changements irrémédiables surviennent sur bon nombre d'entre nous (enfin d'entre vous, moi je serais mort d'ici là d'après la légende, vu que j'aurais 33 ans, l'âge de l'autre con et comme je suis le nouveau messie, je vais me faire crucifier dans une cuisine équipée, en écoutant Indochine, ce qui est une forme de décadence ultime mais passons).

Étant donné aussi qu'on vient de m'appeler Galabru (putain, je ne m'en remets pas) dans les bars de la Croix rousse (mon dieu mais merde quoi, les ivrognes hippies aux cheveux sales, il faudrait juste les brûler). Que d’autre part, j'ai réussi à me faire refouler une deuxième fois de ma putain de vie d'une boite (bon Ok, c'était un putain de bars de lesbiennes où, de toute façon, j'étais SUR que je ne rentrerais pas, avec ma gueule d'hétéro, même si ON m'avait assuré que je rentrerais dans ce truc dont la portère de l'entrée, une vieille brunasse fadasse a rien voulu savoir mais bon, j'étais content finalement de pas me retrouver dans un truc où j'aurais juste fait tâche), il convient de faire le point.

Car oué, je comprends maintenant pourquoi, dans ce brave pays, on ADORE faire des films sur les trentenaires, époque charnière s'il en est puisque cette fameuse décennie est devenue une époque charnière dans la vie d'un misérable animal que l'on nomme être humain. Bien entendu, je ne généralise qu'en France, puisqu'il est entendu que dans d'autres pays, 30 ans, c'est juste trop la fin de ta vie quand tu as 3 grains de riz à bouffer. En même temps, quand on est dans ce cas là, on n'est pas sur le net à lire des conneries complètement insipides d'un trentenaire qui n'a surement pas manqué de bouffe tout au long de sa (déjà) longue vie.

A mon âge, les gens ont un gamin, voire deux, voire 3. Ils vont d'ailleurs songer à en faire un quatrième si ce n’était pas trop la misère pour avoir des alloc en plus, vu que c'est surtout à trois que c'est cool et pas vraiment quatre. Mais passons, ceci est une autre histoire.

Ah les trentenaires, espèce originale dont les aspirations oscillent entre faire des enfants, avoir un appart payé et tenir enfin le bon bout de la vie, le moment ultime où on crache pas encore ses poumons et où on peut encore se permettre de mettre des raclées à des gens plus jeunes dans un sport ou encore monter enfin une entreprise qui marche, après plusieurs tentatives complètement infructueuses. Moment ultime où on allie expérience et vivacité physique, sans être encore trop cramé par ce qui nous reste de vie, lorsque cette dernière a été passée dans la débauche (ce terme variant d'une personne sur l'autre, bien entendu, nous ne sommes pas tous égaux dans la luxure, la jouissance des divers plaisirs que peuvent offrir la vie).

Quand on a 30 piges et un peu plus, on a un peu l'impression d'avoir vécu une vie. C'est simplement parce qu'on commence déjà à un peu plus galérer pour enchaîner deux soirs de beuveries consécutifs et qu'il faut juste un peu plus de temps pour s'en remettre alors qu'avant, une seule nuit de 7 heures suffisait. On a l'impression d'avoir vécu un vie également parce que le moment ultime où on va affronter ses démons, ces gentils trucs qui te font chier depuis le moment de ta naissance, qui  sont en général dû au fait que t'as eu quelques couilles dans ta vie, plus ou moins graves et que c'est rien que le moment de faire un choix, un vrai choix, parce que si ça ne sera surement pas le dernier (faudrait pas déconner on va en faire jusqu'à notre mort) il n'en reste pas moins capital pour le reste de ta vie.

On en ai plus à se demander si on va se taper Rebecca ou Maeva, Jeannette ou Micheline qui a l'air bien mignonne avec sa jupe trop courte et sa coiffure juste trop à la mode pour vraiment t'intéresser au cours de la soirée. Non, on commence à se poser des questions, parce qu'on sait bien qu'on a repoussé gentiment cela depuis des années mais que maintenant, ça y est, on peut plus vraiment repousser : va falloir envoyer du bois, du vrai, du pur.

Doué d'un tempérament de branleur sans nom, j'aurais pu être comme ce connard de hippie qui m'a appelé Galabru dans ce putain de bar de hippies aux cheveux sales mal rasés (ça vaut aussi pour les nanas, ceci dit), à me biturer à coup de bière et à être le roi du baby foot. Mais je m'emmerde toujours dans un endroit en particulier et j'ai pas toujours envie d'être un branleur. Mais là, ça urge un peu, de plus l'être. Faut faire un choix de carrière, parce que j'aurais dû le faire avant, parce qu'il fallait le faire avant 20 ans (comme quand tes parents, ils te disent que faire des math, c'est mieux pour avoir un travail que faire des lettres, parce que tu comprends, les lettres, c 'est réservé aux chômeurs qui n'ont pas de boulot).

Je me fais cette réflexion de choix parce qu'on fête les 20 ans de la chute du mur de Berlin et que je m'aperçois que j’en ai un peu rien à foutre. C'est complètement triste mais c'est un peu ça. Pourtant, je l'ai aimé cette année 89, j'avais 11 ans et trois quart (encore important à cette âge là), j'avais déjà embrassé des filles avec la langue et j'étais le roi de ma classe (enfin, à la fin, pas encore au début). Que ce mur qui tombe, c'était de l'espoir pour les gens de pouvoir acheter pleins de choses et d'avoir une vie meilleure, sans contrôle et pouvoir se déplacer sans se faire tirer dessus. Du moins, c'est comme ça que je les ai vécues.

En 89, j'avais pas l'âge de tremper mon petit zizi dans les gentilles madame mais je savais déjà qu'il fallait que je me protège, parce que le SIDA était là et que je fais partie de cette fameuse génération où baiser était mortel. Se protéger... une discussion avec un pote ce week end me fait dire que les petites se protègent pas. C'est dingue ça. Je sais que celles de mon âge et juste au dessus, tu les baises pas si t'es pas protégé. Mais en dessous, quand t'es né en 1989, tu t'en fous de tout ça. T'as pas connu de mur, t'as pas connu le scandale du sang contaminé ni du nucléaire. Qu'est ce que tu peux bien en avoir à foutre de ces conneries si tu n'avais pas des gens plus vieux pour t'en parler ?

EN 89, on était encore soucieux de l'Afrique et des habitants. On ne savait toujours pas placer la plupart des pays sur une carte, mais on avait le Paris Dakar, la course que les gens vomissent. Mais au moins, on savait placer le Mali, La Mauritanie et le Sénégal. Je suis pas bien persuadé que ça soit le cas maintenant. Et ces africains, qui s'en soucient finalement ? Ils s'appellent "africains", ils sont tous pareils, un peu comme les chinois mais grâce à Toyota et Nintendo, on sait qu'il y a des japonais aussi. Et grâce à La Corée du Nord, on sait que la Corée du sud, c'est cool.
Donc, à l'époque, ça chantait pour l'Afrique. Tous les gros cons de chanteurs qui vendaient du disque, beaucoup, se fardaient d'un "tube" merdique qui sentait bon le mélo sans que ça change quoique ce soit à la situation. Mais ça donnait bonne conscience.

Le mur de Berlin, c'est un peu tout ça. J'en avais rien à foutre à l'époque. Mais je percevais que c'était important parce qu'il parait qu’on n’était jamais passé loin d'une troisième guerre mondiale. Enfin, c'te blague. Une troisième guerre mondiale, ça aurait été juste que la fin de l'humanité parce qu'on aurait fait joujou avec les bombes atomiques et qu'il n'aurait resté que les scorpions sur cette bonne vieille terre. D'ailleurs, tellement de livres et de films traitent de cette troisième guerre mondiale que ca avait dû être bien intégré par ces puissants.

Alors avec ce mur, on n'avait plus peur de ça. On n'avait pas non plus peur du nucléaire parce que la catastrophe, on l'imputait à des mecs qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient parce qu'ils étaient communistes, donc pauvres, donc incultes. On a vécu longtemps avec ce cliché, cette espèce de truc qui flottait dans l'air que les mecs de l'ouest étaient quand même bien plus intelligents et cultivés que ceux de l'est. Que de toute façon, c'était nous les meilleurs et qu'on avait tout compris à la vie.

Tout ceci ne sert à rien maintenant. On sait que le communisme, c'est le mal (enfin du moins quand tu construit un mur et que tu contrôle une population pour qu'elle reste bien bien d'un côté), et on apprend que la capitalisme peut l'être aussi. L'avantage du capitalisme, c'est que comme tu as toujours un N+1 qui a juste un peu plus de pouvoir que toi, mais pas trop, on peut toujours aller lui taper sur la gueule mais il te dira que ce n’est pas lui qui commande parce qu'il a un N+1 au dessus de lui. Ce qui fait que le système ne risque pas grand chose puisqu'on ne cerne pas le mal absolu qui est légèrement plus visible dans une dictature. Le mal absolu, tu le quantifiais et qualifiais bien avant 1989 : Stasi, KGB, Staline, des russes très très méchants qui se prenaient des roustes dans tous les films américains. Les soviets, finalement, c'était rien que des salauds (bon sauf les blondes russes qui ont toujours été cool, bien sûr).

En 2009, on a toujours peur. Mais maintenant, c'est la planète qui souffre tout ça, tout ça. Alors il faut protéger l'environnement, ce qui amène des courges de 20 ans à te faire la morale, avec leur trois poils au couille, sur ce que tu devrais faire ou pas pour protéger l'environnement, alors qu'ils ont jamais vu un putain de carré d'herbe de leur vie. C'est ça quand tu découvres que t'as un cerveau et qu'il y a vraiment trop de trucs pas clairs dans ce monde. Tu te découvre une passion qui mérite que tu te battes pour elle. C'est ainsi, il n'y a plus de menaces qui planent dans l'air, qui concerne tout le monde. On aurait bien eu le terrorisme à caractère islamique, mais vu qu’ils ne font pas encore assez péter de bombes, ben on a pas encore assez peur. Mais l'environnement, c'est devenu une peur pour les gens qui consomment beaucoup de merdes et qui veulent donc faire prendre conscience au monde entier que c'est grave quoi.

Je parle même pas de ceux qui voyagent à travers le monde pendant leurs putains de vacances en prenant des avions qui polluent plus que je ne pourrais le faire humainement sur trois générations et qui te parlent d'un pays de la même manière que si tu voyais un docu sur les chasseurs. Mais tu comprend, il y a la mer, le soleil et les gens ils ne sont pas pareils, ils sont gentil toussa toussa. Un vrai discours de merde pour justifier une action totalement égoïstes et individualiste. Mais cela ne les empêche pas lorsqu'ils reviennent dans leur pays de te dire ce que tu dois faire au niveau des emballages plastiques (choses que tu fais depuis longtemps parce que dans ton bled, on n'a pas entendu que ça soit la mode à Paris pour le faire puisqu'on est légèrement confronté à cela depuis des lustres).

Le seul truc qui ne va pas avec ça, c'est que je me vois mal dire à un paysan sénégalais de protéger l'environnement quand il n’a pas à bouffer dans son assiette le soir. Protéger l'environnement, c'est vraiment une attitude de sales riche de merde qui a le temps pour ça. Et c'est pour ça qu'on a le temps pour ça. C’est notre nouveau levier d'action pour asservir le monde : Protéger l'environnement. Mais bon, après tout, on comble un manque comme on peut. Il y en a bien qui font des blogs pour raconter des conneries.

On pourrait protéger les gens pour qu'ils arrêtent de se suicider, on pourrait protéger les femmes pour qu'elles arrêtent de se faire battre par leurs maris, on pourrait protéger les plus faibles pour qu'ils arrêtent de faire des crédits revolving (pardon révolver) ou se prendre des tonnes d'agio sur la gueule parce que tu comprends ils ont trois euros de découverts. Des choses un peu plus graves. Mais non, il faut protéger l'environnement. C'est bien, ça fait de mal à personne, on ne risque pas grand chose finalement. On ne risque pas de sa vie en défendant une nana qui se fait taper dessus ou ce genre de truc. Ca permet juste de se donner une putain de bonne conscience pour dormir la nuit et continuer à partir en vacances à l'autre bout du globe pour aller sur une putain de plage de manière totalement égoïste et intéressée.

Alors on voit des films d'opportunistes de merdes, tels le type qui survole en hélicoptère tout frais payés pour prendre de belles photos et nous faire la morale sur ce que nous, pauvre incultes et salopards, devrions faire ou pas. Ça me rappelle également l'autre blaireau avec son syndrome du Titanic, qui a tenté de se faire trois sous sur le même créneau, mais vu que c'est juste un peu le mec qui bosse pour la chaine la plus puissante d'Europe, il n’a pas eu le même succès et je dirais, heureusement.

Ce que j'ai un peu du mal à accepter, c'est que j'habite dans un truc limite bien bien rural. Que tous ces connards habitent en ville, dans de grandes villes et qu'ils ont accepté ça à l'avance quand il s'agissait de gagner leur putain de vie, au mépris de toutes les règles élémentaires (transports polluants, achats de biens de consommation tout aussi ridicule les uns que les autres mais tellement indispensables pour vivre dans LEURS groupes de potes à la con). J'ai du mal à accepter que ces gens m'emmerdent sur ça alors qu’ils n’ont jamais vu une brebis ou une vache vivante de leur vie.

Ces gens là m’emmerdent beaucoup. Mais je me dis que c'est comme le mur de Berlin. Dans 20 ans, on aura oublié. Dans 20 ans, il y aura d'autres connards, comme moi, pour écrire des trucs sur ce moment précis, cette année 2009 où il s'est passé des trucs, où ils font un bilan de tout ça, en évoquant la nouvelle plaie actuelle à la mode, qui ne sera donc plus le nucléaire, le SIDA, l'Afrique, le communisme ou l'environnement comme maintenant, mais autre chose, un truc tout aussi fataliste, qui doit concerner tout le monde et pour lesquels ils ne seront pas d'accord. J'en aurais 50. Je n’aurais plus rien à dire. Je serais peut être mort d'un cancer du poumon ou des couilles. J'aurais d'autres soucis, je n'aurais plus envie de perdre mon temps à discuter de ça.

Donc la vie s'arrête à 30 ans. Parce que c'est à ce moment là que tu vois ce qui t'a marqué ou pas avant, ce qui te paralyse, tes démons intérieurs que tu veux plus affronter parce que t'es en train de les accepter. Que tu sais que de toute façon, c'était comme ça et pas autrement et que tu es donc obligé de faire avec.

Bien sûr, ta vie est loin d'être finie, sauf accident. Tu sais qu'il va t'arriver beaucoup de choses. Mais maintenant, t'attend, tu prends un peu le temps. Tu commences à avoir quelques grammes de sagesse. t'es moins énervé, moins "tout feu, tout flamme", moins impétueux, fougueux, ect, ect

Tu prends un peu plus la vie comme elle vient. Enfin, tu devrais. Mais t'as toujours en toi une vague idée d'Éteindre la terre.

Parce que ça serait cool finalement, de faire ça.. De remettre les compteurs à 0.

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