Tournante et viols collectifs

Je ne sais pas si les journalistes en France ont déjà joué au Ping Pong dans leur jeunesse  Je ne sais d'ailleurs pas s'ils sont vieux ou jeunes, les journalistes en France. Tout ce que je sais, c'est que le terme tournante désignait quelque chose de ludique par le passé. C'était un terme que l'on utilisait au ping pong au collège quand on jouait à plus de 4. Un joueur servait, la personne en face recevait et on tournait, chaque personne devant faire le tour de la table pour récupérer la balle. Si elle tombait ou qu'on la mettait dans ce qui nous servait de filet, on était éliminé.

Voilà pour l'un des usages de ce terme. C'était un terme ludique. Mais cela n'a rien à avoir avec l'affaire Nina qui elle, concerne soit des viols en réunion, soit des viols collectifs. Des VIOLS, ni plus, ni moins.

Cette affaire a été longue. On n'a pas trop voulu juger ça. On aime pas trop juger le viol dans notre brave pays. On le minimise. On a pas superbement envie d'en mettre un grand coup. Beaucoup trop de filles se font violées chaque année. Elle réagissent plus au moins différemment lorsqu'elles subissent cela.

Nous, en tant que société, ne sommes pas là pour nous demander si la fille qui a subie cela doit NOUS faire pleurer. Doit NOUS émouvoir. Doit avoir un talent littéraire ou Cinématographique pour attirer l'émotion de personnes qui sont aptes à prendre des décisions contre des violeurs présumés. NOUS n'avons pas le droit de nous contenter de l'impact émotionnel quand les charges sont avérés. Quand les faits sont admis et prouvés. NOUS n'avons pas à supporter qu'un des accusés puisse dire "Grosse Vache" à la barbe de la victime, pendant un procès, sans ne rien craindre de la part du juge chargé de diligenter et conduire le procès.

C'est trop grave. Beaucoup trop grave. Le viol est un crime. Si c'était une affaire de pédophilie, tout le monde serait bien plus prompt à trouver cela honteux. Et qualifier tel quel l'acte. Mais cette Nina n'est pas Angot, comme le titre Libération. Mais libération parle aussi de "tournante".

Tournante. Pourquoi ce terme impropre ? Pourquoi ne pas parler de viols en réunion ou viol collectif. Pourquoi minorer l'acte ? Pourquoi ne pas donner l'importance qu'il a. 

Nous ne sommes pas à la place des juges. Mais la justice doit être aveugle. On a l'impression, parce que cette fille a voulu se protéger, qu'elle est d'une certaine manière consentante. C'est quelque peu inadmissible. Et si c'était le cas, il n'y aurait même pas de procès. Comment admettre de toute façon qu'une bande de personnes puisse abuser d'une personne et que celle ci soit consentante ? Est ce que nous le ferions, nous, à sa place ?

C'est assez impressionnant ce verdict. Cette pauvre peine. Une peine dérisoire. Une peine qui ne va conforter aucune fille victime de viol qui souhaite, très légitimement, qu'une décision de justice intervienne en sa faveur. Et pas seulement pour une réparation. Qui n'existe pas vraiment. On le sait. Même si la société en doute.On ne se répare pas totalement d'une décision de justice. Tout du moins peut-on espérer retrouver un peu de dignité. A condition que la société et la justice sache marquer les limites. 

Nous avons aussi et surtout notre part de responsabilité. Nous parlons de tournantes. Comme si c'était anodin. Comme pour minorer cet acte. Alors que c'est un acte grave. Et peut-être que si les journalistes employaient les vrais termes, peut-être alors que la société civile, NOUS, serait plus prompte à réagir vis-à-vis de cette affaire. Et éviter un jugement aussi incroyable...

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