(Dé)construction progressive

Ami blogueur, ne relis jamais tes anciens billets. Surtout si c'est un blog personnel. Quand je relis mes anciens écrits, je prend peur. Que du négatif, des échecs, des souffrances ou presque. Un véritable torrent de déchargement improductif :" Et j'ai loupé ma thèse", "et que je sais pas pourquoi", "et personne m'embauche", "et que c'est triste la vie".

Une véritable collection de perles nombriliste. C'est marrant, je commence à comprendre pourquoi je suis autant négatif sur moi. Ca me pète comme à la gueule ce soir. Cette nuit. Cette journée. Je suis négatif parce que je ne me sors que le négatif. Et je montre ça comme un espèce de trophée pendu autour de mon cou. Mais tu m’étonnes que je vais pas bien...

Si j'étais un lecteur de blogs, que je tombe ici. Je lis, je clique sur la croix de mon navigateur et j'oublie cette adresse à tout jamais.

Incroyable comme je n'ai presque parlé que des mes sales moments. Comme si c'était le plus important dans une vie. Pleurer sur soi en se disant constamment "j'y arrive pas", "c'est pas moi, c'est les autres", "les autres ils sont tout méchants" ou encore "j'ai peur de moi".

Okay, ces temps-ci, je suis clairement bien angoissé et en dépression. C'est mon état. Un état dépressif qui dure depuis plus d'un mois maintenant . Enfin pour les manifestations les plus violentes. J'ai l'impression qu'avoir changé de ville a tout fait resurgir. C'est clairement autant une bonne chose mais surtout une mauvaise. Je veux encore partir. Comme si quitter le ventre de ma mère, le sud, était trop dur à supporter. Tiens, c'est bizarre, je parle de ça maintenant. C'est ça de toute façon. J'en chie parce que j'ai coupé les ponts pour vivre une vie sans trop le vouloir. C'est un accouchement douloureux et ça fait mal. Comme je suis pas une nana, je compare à ça mais sans relativement pouvoir me glisser là dedans. Evidemment, ça tombe mal cette période parce qu'effectivement, il faudrait que je descende pour voir mon neveu et régler deux ou trois choses.

J'ai tenté de prendre le bus aujourd'hui. Mais j'étais très fatigué. Je suis un peu fatigué de toute façon. Je crois que j'ai pas assez dormi. Je ne suis pas reposé. Pourtant cette semaine, j'ai eu quatre jours devant moi, mais peu reposants. J'aurais du le retenter dans la semaine. Cette semaine. Et comme je m'en veux ben, j'ai rien réussi à faire. Mais on l'a attendu. Et on a profité d'un spectacle de rue, La Femme blanche. On se demande toujours ce que veut dire un artiste et je suis tellement perché sur moi-même que je n'ai dû rien voir à ce qu'elle voulait montrer. Bon, ça m'a pas filé un coup de boost pour monter dans ce putain de bus. Il va peut-être falloir que j'emploie les grands moyens.

Cette semaine, on a essayé de remettre en place un vieux projet sorti des cartons. J'avoue que je ne crois pas vraiment en ce projet. Enfin pour en vivre. Beaucoup de facteurs totalement inconnus. Mais c'est un bon projet en soi. Je l'aime bien pour ce qu'il est. Une envie de regrouper des gens sur un même site et qu'ils s'échangent des choses. Si on pouvait seulement permettre à tout ce petit monde de pouvoir vivre de leur passion, ça serait génial. Mais on ne pourra pas en vivre, à moins d'un miracle.

Le net s'est trop développé depuis 3 ans et surtout dans ce créneau. Le marché existait mais il a été pris par des sociétés avec une plus grosse frappe que nous. On part encore de 0 et on a  encore moins de temps à notre disposition. Comme d'habitude, je me lance dans un projet impossible et comme d'habitude, je vais me ramasser la gueule.

En relisant mes anciens billets, je me suis aperçu que je n’arrêtais pas de faire le yoyo entre projets web improductifs et vie professionnelle en berne. Nom de dieu mais qu'ai-je donc fait pour être si peu mature à ce niveau là ? J'ai comme l'impression d'être un pauvre ado perdu au milieu d'une foule sans être foutu de retrouver la clé pour avancer. Un pauvre pantin qui va s'enfermer dans des situations forcément perdues d'avance. Comme si je pouvais dire "ha, t'as vu, c'est trop dur hein !". "T'as vu, j'ai fait tout ce que j'ai pu mais ce sont les autres qui me donnent pas les clés".

Quand je disais que la France est un pays de chialeurs, je dois être le premier d'entre eux. Je me chiale dessus en permanence ces temps-ci. Je ne veux pas qu'on me sorte de là tellement je me sens bien. Bon, ça ira surement mieux dans quelques temps quand ces putains de médocs auront fait effet et que j'aurais un peu moins l'impression de me prendre pour un martyr physique et mental. Je peux t'assurer, cher lecteur, que j'adorerais arrêter d’être con et d'avancer.

Avancer. Rien que ce terme, j'en frémis. C'est l'histoire de ma vie actuelle. J'ai peur d'avancer. Je recule (comment veux tu, comment veux tu..., bref), je freine. J'ai tout fait pour au lieu de me lancer des défis, des challenges (comme on dit hein, j'essaye d'employer les bons mots pour y croire). Je me demande pourquoi je suis aussi con parfois. J'en ai un peu marre de l'inquiétude des uns et des autres sur mon sort et j'en ai un peu marre aussi d'être comme un espèce d'animal engoncé dans une cage beaucoup trop étroite pour lui. J'en ai un peu marre aussi qu'on me dise que je suis un mec intelligent si je suis pas capable de m'en servir à quelque chose de constructif pour la suite. Si être intelligent, c'est même pas être foutu de suivre une voie et de s'y tenir, à quoi bon ?

Remarque, quelle voie ai-je suivie autre que celle qui finalement, m'a été conseillée ? Je n'ai pas vraiment pris ma voie mais celle qu'il fallait pour avoir un bagage technique dans la vie. J'ai eu plein de diplômes mais aucun ne m'a servi, hormis pour survivre. Enfin survivre. Sans mes parents, j'aurais pas fait grand chose à ce niveau là. Les seuls longs contrats ont été des contrats chez eux, dans un boulot qu'il m'a été donné par eux et à Saint Etienne, dans cet espèce d'enfer grisâtre à la violence verbale assez impressionnante. J'exclu mon passage à Avignon puisque, tu m'excusera, mais être un larbin, pardon vacataire universitaire pendant 4 ans, j'appelle pas ça bosser.

Parait que les Stéphanois sont des gens gentils. J'ai pas dû tomber au bon moment. Et cette faculté. Putain cette faculté de droit. Je vous jure, des bâtiments pareils, c'est pas humain tellement ils sont inhumains. Déjà que cette ville est pas franchement folichonne avec son temps grisâtre 10 mois dans l'année mais en plus, le coin de cette fac. Enfin rien que d'y repenser, ça me refile encore du cafard. Et cette autoroute pour y aller, à Saint Etienne. Un truc de malade. Je me demande encore comment j'ai pu la prendre pendant ces deux ans sans crever. Ca monte, ça descend, tu dois faire gaffe à tous les camions qui descendent de Paris mais aussi aux autres voitures et radars. Tu retiens ton souffle pendant des kilomètres avant de pouvoir respirer dès que t'arrive en fait à Givors et que tu reprends l'A7, pour rentrer chez toi. Un vrai parcours du combattant. Mais parait que tout va bien et que personne ne veut rien changer. Comment, en ayant vécu dans un petit paradis comme le mien, je pouvais supporter tous ces bleds totalement paumés où le soleil, quand il est là, est froid ?

Non, franchement, ce ne sont pas les meilleurs souvenirs de ma vie. Marrant que je repense à ça. J'étais un peu livré à moi-même dans cette ville. Comme souvent. Je me fous toujours dans des situations où je me retrouve perdu quelque part et que je dois donc tout refaire, tout réapprendre. Je ne me suis, bien entendu, fait aucun pote et bien entendu non plus aucune bonne relation. Bon, il faut dire, les thésards ne sont pas les meilleurs collègues dans une vie professionnelle. Tous englués dans leur petit trafic mental et autres courses à la thèse que c'en est presque désespérant rien que d'y repenser.  Bon, je grossis un peu parce que j'ai retrouvé Denis, mon pote Russe là bas. Ca a été bien cool. Je l'admire d'avoir réussi à faire sa thèse en langue française et avoir pu la soutenir. Fait longtemps que je n'ai pas eu de ces nouvelles. Il faudrait peut-être que j'en prenne. Dommage que je n'ai pas suivi son exemple. Encore un regret, encore un remord.

Voilà, c'était le premier passage de ma déconstruction progressive. D'autres suivront. Reste branché lecteur.




Commentaires

Articles les plus consultés