Qu'est ce qui a merdé ?
Je cherche à savoir ce qui a cloché
depuis que je suis arrivé ici.
Okay, le choix de base n'était pas le
mien. J'en conviens. Je ne voulais pas spécialement être ici. Ni
dans cette ville, ni dans cette région et encore moins à 700
kilomètres de ce que je pense être mon havre de paix. Mon chez moi,
au final. Bien que j'ai tout fait, depuis que j'ai eu l'âge de
pouvoir, de chercher des solutions pour m'enfuir de cette petite
ville au charme certain indéniable mais aux possibilités limitées
pour quelqu'un comme moi. En clair, une espèce d'intelo qui s'est
réfugié dans un monde, des mondes plutôt que d'ailler dehors
affronter la vie. Enfin, même en écrivant ça, je pense l'avoir
fait, mais pas de la bonne manière.
J'ai bossé avec ma sœur. Ok, ce
n'était pas la meilleure chose à faire sachant que j'avais un autre
travail et qu'il était situé à plus de 45/55 minutes selon les
moments de chez moi. Okay c'était dur, chiant et peu valorisant,
sachant que je devais apprendre plein de choses (tout en fait, ne
connaissant rien au final à son activité). Okay c'est dur aussi
parce que j'encaissais, en plus de mon stress quotidien, le sien.
Comme celui de ma copine, d'ailleurs. Gérer le stress a été
quelque chose que je n'ai pas su faire dans ces moments là. Je me
suis fait une montagne de tout : est ce que je vais avoir assez
d'argent pour manger à midi. Est-ce que je vais pouvoir continuer à
travailler ? Comment on va faire si on n'a pas assez d'argent.
Ect, ect. J'ai flippé, peu à peu, pour tout ce qui m'entourait.
J'en ai trop fait parce qu'en même
temps que je devais bosser, il fallait que je découvre la vie, que
je speede pour aller à mon autre travail, que je sorte voir des amis
même si je ne l'avais pas forcément prévu ni demandé. Je n'ai pas
trouvé mes marques et à vrai dire, je les cherche encore, en
écrivant ces lignes.
Je ne sais pas si c'est parce qu'au
final, j'avais peu de moments à moi que tout ceci m'a pesé, m'a
stressé et m'a enfermé dans un espèce de carcan qui a fait que
toute fuite était difficile ou impossible.
Je m’aperçois, au final, que ce
n'est pas le cas. On peut toujours se barrer d'un endroit qui ne nous
plait pas. Ou plutôt qui nous ronge. Ca ne fait pas du bien, ça ne
fait pas du bien parce qu'on a l'impression d’être en échec.
(D'ailleurs la psy m'a parlé de peur de réussir, ça doit sûrement
etre lié).
Maintenant que j'y pense, avec le peu
de recul que j'ai, mon corps n'a pas arrêté de m'alerter, de me
donner des signaux sur tout ça. Plus j’avançais chaque jour, plus
il y avait quelque chose qui n'allait pas. Mon environnement était
totalement chamboulé, même si j'avais finalement du mal à
l'imaginer. Je n'avais pas fait gaffe, pensant toujours avoir vingt
piges, pouvant me dépasser et déplacer des montages comme j'ai cru
toujours pouvoir le faire avant. J'ai pris un sacré coup de vieux et
je dois me ménager. Pas me ménager dans le sens en faire forcement
moins, mais surtout me ménager des places où je me retrouve, où je
puisse m'évader, rêver un peu et sentir un peu ce souffle de vie
qui me manque parfois.
Le problème dans ces cas là, c'est
que je veux aller vite pour m'en sortir, sortir de cette état là
qui me paralyse plus que ce qu'il ne me construit. Je cherche des
solutions à court long et moyen terme. Je creuse des trous dans mon
âme, je plonge à l’intérieur de moi. Je remue la merde et encore
et encore. Je ne fais que ça. En écrivant ces lignes, de signes de
stress apparent font jour, d'ailleurs.
Mais je suis impatient. Cette
impatience me fait autant flipper au final que le mal qui me ronge
(si mal il y a, ce que je ne suis d’ailleurs de moins en moins
convaincu). On veut tout tester : la respiration, le
psychiatre, le médecin, les sorties, changer d'habitude alimentaire.
Mais on ne suit pas vraiment tout ça, on se néglige. On te dit de
te mettre sous antidépresseur. On te dit que tel médicament va
créer une dépendance. Qu'il vaut mieux faire ça ou ça. Et au
final, tu es complètement perdu. Tu ne sais ni ce que tu dois faire
ni comment le faire et encore moins par quel moyen arriver à tes
fins. Tu tournes en rond, et tu as l'impression d'être enfermé
comme un animal dans un cage sans trop de possibilité.
Il paraît que je somatise. Enfin il ne
paraît pas. Je somatise. Je me file plein de problème physique avec
des stratégies d'évitement. Oui, c'est vrai, j'ai cherché à
éviter les choses. De plus en plus. Ou me cogner tellement fort à
elle que le résultat était le même. Je me suis fait mal petit à
petit. Je ne me suis pas rendu compte que je ne pouvais pas autant en
faire. Que prendre le métro était angoissant quand c'était sur une
longue durée. Qu'il y a trop de monde, trop de gens, trop une foule
disparate. Que mes sens doivent être en alerte en permanence pour
savoir ce qui se passe, identifier, reconnaître et analyser. Que je
cherchais le meilleur moyen pour concilier tout ce que j'avais à
faire, sans vraiment y parvenir.
Cette ville est dangereuse, comme
toutes les grandes villes. Il faut aimer le béton, les rues
étroites, les passages détournes, les grands axes, les populations
diverses et variées. Il faut aimer l'anonymat d'une grande ville
(que je pensais vouloir, d'ailleurs). Même en ayant vécu à Lyon
pendant quelques années, je n'était pas préparé. Peut-être que
cela ne me correspond pas ou plus. Peut-être que ce gris me ronge
plus que ce qu'il ne me fait du bien.
Je ne me fais mal qu'à moi-même,
c'est ça le pire. Je me suis dit encore ça hier soir. Pourquoi je
me fais mal ? Quel est ce besoin ou cette réaction. Pourquoi
c'est moi qui me fait mal tout seul comme un con. Pourquoi je ne veux
pas vivre une vie remplie de haut et de bas comme tout le monde. Et
pourquoi ça fait la deuxième fois que je me retrouve dans cet état
là, avec bien entendu quelques particularités. Même si les
problèmes gastriques sont des problèmes récurrents et que la
première chose que je fais quand je ne me sens pas super bien, c'est
de m'alimenter moins. Total, je me dérègle, total, je me fais
encore plus de mal.
J'ai l'impression que tout ceci est à
cause d'un estime de soi, non pas trop basse comme je le pensais,
mais trop haute. J'ai l'impression que je pourrais dévorer le monde,
que je suis pas comme les autres, que je suis meilleur, que je suis
quelqu'un de particulier, ect ect. Je me suis senti supérieur dans
certains domaines alors que je n'ai, au final, jamais trop rien
prouvé. Quand je réussissais des trucs, c'était normal. Quand je
loupais, c'était un échec monstrueux. Aucune graduation dans
l’échec ou la réussite.
Il est plus facile d’être dans la peau
de quelqu'un qui se dit que tout est perdu d'avance, parce que sa
situation objectivement, n'est pas folichonne. Qu'il a appris à se
battre toute sa putain de vie pour obtenir quelque chose et qu'il te
défoncera le cul, avec ses moyens, pour la préserver. Moi, pauvre
dilettante imbécile traçant des plans sur la comète, j'ai
complètement oublié de vivre vraiment ma vie, en FAISANT des choses
plus qu'en les SUBISSANT. Subir, voilà pourquoi je parlais de
contraintes lorsqu'on fait un choix : j'ai souvent vécu tout
choix comme une contrainte plutôt qu'une aventure nouvelle.
Et venir ici, avec toutes ces
circonstances, est pourtant une aventure... Même si des millions de gens la vive tous les jours.
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