Prostitution et pénalisation : Quelques arguments contre

Je me suis demandé si j'allais apporter ma superbe pierre à l'édifice sur la prostitution. Après pas mal de réflexions sur ma légitimité à le faire, qui ne repose sur rien puisque je n'en ai strictement aucune à titre personnel. Mais j'ai quand même envide  d'ouvrir ma gueule. Enfin prendre mon clavier. N'ayant jamais utilisé les services d'une pute et encore moins été une pute moi-même, il me serait de toute façon difficile d'arguer d'une quelconque légitimité pour intervenir à titre personnel.

La seule chose qui me pousse à le faire, c'est que j'estime que la pénalisation n'est pas la bonne solution. Ce n'est pas la bonne solution, non pas pour adouber tout ceux qui louent le corps des filles. Pour ce que j'en connais, de près ou de loin, je ne peux pas vraiment dire que ce sont des saints. Ni même les pires salauds. Certains ont un problème évident avec la plastique des filles qui doivent rentrer absolument dans des cases qu'ils se sont fixés comme étant désirable. En clair, un mix entre Nabilla, pour ne citer que la dernière en date, et une Clara Morgane des familles. Du coup, pour pécho ce genre de nana, ça devient clairement coton, et encore plus dans ces coins reculés de notre beau pays rempli, comme chacun le sait, de ce genre de personnes à la plastiques normée par des émissions de télé tout aussi intellectuelle les unes que les autres. On pourrait mettre ça autant sur le compte d'une société qui te starifie certaine nana mais je dirais que ça a existé avant la télé réalité avec le Premier Samedi du Mois du Canal où, bon an mal an, de gentils ado et plus tard, des adultes, se sont mis à starifier des actrices françaises. Ce genre de mec s'emmerdant le samedi, et avant de se taper la boite du coin à la recherche d'alcool, de musique mais surtout de fille, un modèle de nana s'est dessiné en eux (pour ne pas dire autre chose). La télé fait du mal, mais pas forcément pour ce que l'on croit.

Et puis internet est arrivé, et tout est devenu largement plus simple. Rechercher des vidéos de pornstar est le passe temps favori de pas mal d'internautes. Mais surtout la recherche d’extrême. A l'extrêm. Ce doux parfum de saloperie qui ne devrait être reservé qu'au plus de 30 ans ayant déjà une assez bonne et solide expérience de la baise pour aller voir un peu plus loin ce qu'il en est (oui, je parle d'âge parce qu'on me fera jamais croire qu'un mec de 20 pige est mûr, même s'il a tamponné 30 nana au Macumba Night pour être capable de capter la moitié des choses qu'il faudrait capter). Donc on trouve de l'anal bien salé, et c'est encore mieux si la fille a mal à des baffes ou encore des la strangulation. On passe sur le fist fucking, le gang bang et autres joyeuseté à base de perversion plus ou moins assumée. On passe aussi sur le fait que dans 90% des cas ce sont des actrices et acteurs payé(e) pour ça. bref, il y en a pour tous les goûts et on est largement très loin de ce qu'on appelait l'age d'or du X. Un temps que les moins de 30 ans, voire moins de 40 ans, ne peuvent pas connaitre. même s'il y avait fort à dire en ce temps là. Mais le temps me manque et ce n'est de toute façon pas le propos.

Du coup, quand certains mecs veulent baiser, ça devient compliqué. Beaucoup de mecs ont largement du mal à parler avec des nanas en général et ça devient la catastrophe en particulier. Tout le monde ne tombe pas dans le travers de la prostitution mais comme beaucoup agissent comme des gorets  dans des rapports dits normaux, avec une fille qui leur plaise, ça devient largement compliqué. Et là, on ne parle bien entendu que dans le cadre d'une certaine maturité.

 On ne parle pas de tout ceux pour qui la prostitution ne rime qu'avec performance et/ou surtout soumission de l'autre. Compensé par de l'argent, synonymie de transaction financière. On ne parle pas aussi de tous les maris en manque et de tous ceux qui ne pourront jamais, dans toute leur vie, être avec une nana. On ne parle pas des cadres ou des mecs qui bossent dans la finance. On ne parle pas non plus de tous les gens qui sont bordeline, à la marge de tout et surtout de tout ça. Le monde de la nuit et du sexe étant de toute façon un milieu divers et varié qu'il serait bien incapable de pouvoir dresser de manière et précision chirurgicale un portrait exhaustif. A moins de toute façon de ne travailler à la Mondaine, je ne vois pas bien comment le faire avec mes petits bras. Mais passons. Toujours est-il qu'on peut laisser libre court à l'imagination de chacun pour ceux qui ne connaissent pas. Et ceux qui connaissent de toute façon, se foutent complet de ce texte.

Si la pénélisation du client est une superbe bonne chose pour tout ce dont les associations pro abolition se battent, c'est aussi, peut-être et surtout une belle erreur. Non pas parce que j'ai beaucoup d'estime pour mes "confrères" les hommes qui ont accès à des services de prostitution mais surtout parce que cela ne résoudra rien. Bien entendu, je parle des hommes car évidemment, il y a peu de femmes qui ont recours à des services sexuels tarifés. On évite donc les cas particuliers. 

Bien entendu, il y a la Suède. Cette fameuse Suède comme porteuse d'espoir pour la lutte contre la prostitution. Interdit depuis des années avec pénalisation à la clé, elle est combattue de manière institutionnelle. Cela a permis donc de régler le problème d'un coup de braguette, pardon, baguette magique ou presque. Enfin, de toute façon, même s'il y en avait, on ne pourra pas le savoir, parce que c'est interdit. Vous connaissez clairement le nombre de gens qui se droguent  en France ? Et qui utilisent des drogues ? Qui fait partie d'une mafia ? Et qui est un mafieux ? Et bien c'est pareil.

C'est donc l'argument massue que je met en avant. Il est impossible, quand on interdit une chose par la pénalisation, de savoir si le mal n'existe plus. C'est un raisonnement assez pragmatique, mais nous vivons dans un pays clairement ouvert, avec un ocean, deux mers, frontalier avec 5 pays (plus un tunnel plus des petits machins). En prise directe et rapide avec tous les pays de l'Est à gros flots de cortège de fantasme mais aussi, et surtout, d'une certaine réalité. La prositution sera en marge, encore plus en marge, toujours en marge. Mais elle sera là. Et la précarité avec. Et cela sera encore plus précaire. Encore plus glauque dans certains cas. 

Parce que c'est de ça, surtout qu'il faut parler. Cette précarité. Les filles qui font ça le font déjà avec 1, 2, voire 10 épée de Damoclès. Et nous le savons tous. Vous le savez comme je le sais. Entre le SIDA et autres MST bien sympa, les coups, les viols, les mac, les flics, l'Etat, la précarité permanente, ce sont surtout elles qui ont besoin d'être protégées. Et on ne le fait pas. 

Parce qu'on ne le fera pas en pénalisant les clients. On pénalise bien l'usage de drogues dures ou douces. Cela a-t-il empêché certaines et certains d'en consommer ? Pas vraiment. Pourtant cela aurait dû. Mais il y aura toujours des gens pour le faire et y trouver eux un intérêt.

il est difficile d'admettre la prostitution parce que la prostitution est assimilé à de la vente. On vend son corps et ses charmes. Mais surtout son corps. Expression rentrée dans le langage courant alors que juridiquement, c'est faux. On ne vend pas son corps. On ne peut que le louer. il est interdit de vendre tout ou partie de son corps de toute façon en France. On ne peut donc que le louer. 

Pénaliser le "consommateur" ne mettra pas fin à une filiaire. Ne mettra pas fin à la mafia et autres réseaux organisés, à la contrainte de certains, donc des macs. Ne mettra pas fin à tout ce qui fait la belle saloperie de tout ce beau bordel. Pour être clair. Et c'est naïf de penser le contraire. Très. 

Parce que c'est naîf de penser que l'exploitation se terminera parce qu'on a criminalisé le seul facteur visible. Le client est le facteur visible. Celui qui consomme. C'est facile. Ça demande beaucoup moins d'effort que de luter contre les réseaux. Mais ça n'enlèvera rien à la précarité des travailleuses du sexe.

Tout ceci laisse la principale intéressée dans sa merde. On sait que la pute n'a de toute façon pas franchement eu de bonne presse à travers l'histoire, même si on a toujours plus ou moins essayé de la sublimer par des films ou des romans. L'image de la pute au grand cœur reste dans l'imagerie collective. C'est d'ailleurs pour ça que certains ont dû signe cette pétition des 343 salauds (admirons d'ailleurs le retournement des concepts, propres à une certaine frange politique de droite conservatrice qui adore détourner les choses). Toujours est-il qu'être contre la pénalisation, ce n'est pas donner raison à ces gens.

Il faut que la société prenne en compte ses putes. C'est primordial. Je me souviens que 4 flics avaient violés, et cela avait fait grand bruit, une pute à Nice. il me semble, si je ne me trompe pas, qu'ils n'ont pas été bien inquiété. Parce que c'est ça le problème. La société, l'Etat et la justice ne protège pas assez ces personnes. Comme elle ne protège pas assez toutes les femmes victimes de viol. Si on pénalise le client, alors où se situera cette protection pour elles ?  Nous avons une responsabilité, en tant que société, pour protéger les plus faibles. Et j'estime, mais peut-être que je me trompe, qu'elles rentrent dans ce créneau là. Parce qu'il y a tous les risques. C'est une profession à risque. Mais c'est une profession. Sans code du travail. On appelle ça le plus vieux métier du monde mais c'est celui qui est le plus précaire. C'est assez paradoxal.

Le contexte économique est largement hallucinant ces temps-ci. Malgré la fin de la crise, les écarts entre les plus pauvres et les plus riches se sont amplifiés. C'est une donnée. Elle n'est pas là pour faire pleurer dans les chaumières. Même s'il existe un mythe du choix pour la prostitution, il est difficile de concevoir que ça soit le cas dans plus de 90 % des cas. Voire de toute façon plus. Mais 90, c'est bien. 
Ce ne sont pas des riches qui se prostituent. Mais des pauvres. Des personnes qui en sont arrivées là par absence d'alternative. On peut l'affirmer d'autant plus qu'il suffit de s’intéresser aux blogs qui en parlent.

Alors revient donc, parce qu'il y a un sondage, sur la réouverture des maisons closes. Parce qu'elle est fantasmée. Cette réouverture. Mais les expériences autour de nous n'incitent pas à aller dans ce sens là. C'est devenu une saloperie sans nom. En Espagne et au Pays Bas, ça fait peur. Mais est-ce que les français voudraient des maisons closes à l'espagnoles ou néerlandaise ? Rien n'est moins sur. Et de toute façon, ce n'est pas souhaitable. L'abattage industriel n'est pas vraiment une marque de progrès et encore moins protecteur pour toutes ces filles venant travailler dans ces bordels géants.

A moins de créer un statut juridique, sur le mode associatif mais plus proche de la SCOP. En clair, et sans détour, un regroupement de salariée autour d'une structure protectrice pour faire valoir ses droits de manière collective tout en étant protégée de manière individuel. En clair, un bordel hétérosexuel ne peut-être tenu que par des femmes. Bon bien entendu, on se heurte à toute une série de textes européens mais gageons qu'il est possible que cela rentrer dans les exceptions. Mais le bordel n'est pas une solution. Le groupement peut-être. Cela n'implique pas forcément un lieu. Et ça met à l'abri de la contrainte exercée par des macs puisqu'ils n'existent plus. Bon, le problème du contrôle va être assez compliqué. Mais avec de la bonne volonté.

Le drive-in, expérimenté en Suisse dont le principe est fondé sur le même concept que le macdo, en clair des gens s’arrêtent en voiture, seul, pendant un certain laps de temps 19-5H du matin. Beaucoup de règle pour réduire le problème du temps, limiter l'accès (une seule personne, donc pas de groupes, comme ce qui se passe un peu dans les bordels).

La dernière solution, c'est, mais cela est de toute façon obligatoire, un statut juridique de travailleuse indépendante. Un véritable statut juridique protecteur. Avec tout ce que cela implique.

Bref, on peut aussi interdire la prostitution. Enfin l'abolir, comme si c'était un privilège, la prostitution. Et qu'il fallait l'abolir. On peut se dire que les vrais hommes n’achètent pas (enfin ne louent pas) les filles. On peut se dire ça, parce que ça ne coûte rien de le dire et de le penser. De l'appliquer, pas toujours mais ça...

On peut se dire qu'on vit dans un monde merveilleux qui n'est pas soumis à une pression économique tellement forte qu'on est à peu près sur que tout le monde a de quoi becter le soir (enfants compris, bien évidemment). On peut se dire que nous sommes un pays où tout va tellement bien qu'aucune pression ne sera faite sur une personne pour tomber dedans. On peut se le dire. Parce que les suédois, eux, le font. Enfin, il parait que ça marche.... On peut aussi être un peu plus pragmatique et protéger les femmes. Enfin protéger. Socialement par des règles qu'il y aurait déjà dû avoir depuis 1946. Et qu'elles n'ont pas en 2013. Mais je suis de toute façon qu'un gentil conservateur (il parait).



J'ai mis de coté les hommes prostitués dans ce texte même si bien entendu, il existe. 


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