Allez bien tous vous faire foutre

C'était un peu mon humeur. Finalement. Cet humeur que tu as quand tout va pas bien bien. Tu sais pas trop bien comme l'expliquer. Cette colère sourde en toi qui te fait dire des horreurs, les penser et les avouer. Ces petites choses que tu as bien gardé en toi. Au fond de toi.

Tu mangeais plus trop. Ou pas. Tu dormais plus. Ou pire encore. Tu essayais. Mais ça ne marchait pas. Pas grand chose ne marchait de toute façon. L'année dernière. Tout a bien foiré. Il me fallait des trucs. Mais je n'en voulais pas. Je voulais pas de truc mais j'arrivais plus à bouger. Paralysée. Tétanisé mais surtout électrisé. Comme quand tu te prends une décharge électrique sur une prise pas bien protégé. Ça te surprend, ça t’électrise et ça te mets dans une position de peur. C'est cette peur, avant que tu lâche cette prise que tu te reprend dans la gueule des années plus tard. Tu l'as pas demandé. Ou tu as peut-être tout fait pour ça.

Crédit photo : http://karenabramyan.com/



La rage. J'avais même plus la rage. J'arrivais plus à sortir. Bouger, manger, baiser. C'était même pas que je voulais pas. C'était une peur. Une peur sourde et intérieure.

On te dit que c'est normal. Ça arrive aux trentenaires. Ça arrive aux mecs, aussi. Mais ils le cachent bien alors tu le vois pas. Ils le cachent mieux que les filles. Parce que c'est comme ça. Ils sont fait comme ça. Il parait. Alors t'es un mec qui va pas bien. Tu sais pas pourquoi. Ou tu sais trop pourquoi mais tu vois pas bien comment tu vas faire pour aller mieux. Dans l'immédiat. Tu te coupes de tout. Tu te flingues tout seul et finalement, peu de gens en ont quelque chose à faire. Et je les comprend. Qui aurait envie d'en avoir quelque chose à foutre. La vie des autres, c'est pas la tienne. Ta vie, c'est pas la leur. Cette petite règle immuable qui te fait décrocher ton tel. Pour aller voir quelqu'un. Qui est payé pour ça. Pour t'aider. Ou plutôt pour te faire parler. Beaucoup.

Ce qui n'est de toute façon ni une bonne ni une mauvaise chose quand tu es comme moi. Un mec qui parle. Trop. Tout le temps. Ça dure. Dure. Dure. Je suis quelqu'un qui parle. Je suis aussi ton pire cauchemar à ce niveau là. Surtout si tu veux avoir raison. Ça peut durer. Pour avoir raison, il faut le gagner.

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Les gens ont pleins de problèmes. J'en ai pas. Les seuls que j'ai, ce sont ceux que je n'ai pas demandé. J'ai demandé à ne pas avoir de problème mais le simple fait de vivre est une source de problèmes. Plus j'avance, plus j'ai des problèmes. Il y a qu'un moment, où... Tu n’auras plus de problème. Tu le sais. On le sait tous. On vit pour oublier. Oublier qu'on a tous une chose en nous qui nous rapprochent de la fin. Heureuse. Mais malheureuse aussi.

Alors je parle. Je parle. Je parle. Parait que je suis intelligent. Parce que je suis comme ci, comme ça. Parait.

Il parait que j'ai des choses normales qui me sont arrivées pour lesquelles je suis comme ça. Il parait.

Il parait aussi que je ne pouvais plus monter dans un métro. Claustro. Il parait. Il parait aussi que j'avais dire surtout à tout le monde d'aller bien se faire enculer.

Ah non ça, il ne parait pas. Ca ne s'est jamais produit. On ne le dit jamais assez. Cette insulte. On le disait beaucoup par le passé. Mais dans les années 2010, ça ne se dit plus. On en est plus là. Enfin si quand tu vois les mecs faire des quenelles parce qu'un type leur a dit de faire des quenelles. Un mec te dit de faire des choses alors tu les fais parce qu'il t'a dit de les faire en te montrant que c'était bien de les faire. Moutonnier..

Ou alors il y a d'autres termes. Parce que les "jeunes" de maintenant pensent qu'on n'a pas fait pire à leur âge. IL nous voient comme des vieux croulant alors qu'on a vécu une révolution technologique dont ils ne font que bénéficier des fruits de leur coté. Ils ont leur codes et leur moeurs qu'ils pensent à eux. Alors qu'ils sont encore pire que la génération d'avant la mienne. Celle qui m'a foutu dans cet état là. Et je peux même pas me dire que la génération qui arrive est mieux puisqu'elle a reproduit tous les codes de la génération précédente. On a tellement de codes en commun avec cette génération que tu pourrais même pas me parler de milf et de toutes ses conneries que tu as vu que xvideo. Tu ne sais d'ailleurs pas plus qu'avant parce que tu écoute la même merde que j'écoutais il y a 20 ans. Tu mets nrj et tu as fait un bon dans le passé de 20 ans. Les types qui ont les stations de radio sont aussi vieux que moi et font écouter les mêmes merdes que j'écoutais quand on avait le même âge.

Les types se branlent sur des Final Fantasy alors que cette franchise  a plus de 20 ans.

Putain ça craint.

Dur de supporter cet esprit moutonnier quand tu n'es pas. J'aimerais tellement l'être. Ne plus penser. Ne plus réfléchir. Surtout ne plus réfléchir. Me laisser aller. Porter. Faire une vie. Ne rien remettre en cause. Me dire que tout ce qu'il y a ici c'est normal, c'est la vie. Ne change rien. Surtout pas. Tu ne peux rien faire seul. Encore moins. Tu n'as peut-être pas envie de changer les choses avec les autres.

Tu morfles, tu sais pas pourquoi. Tu n'as rien demandé. Tu remercies ton père de t'avoir filé ça en toi. Tu remercies aussi ta mère de t'avoir filé ça en toi. Tu sais que les gens essayent d'être normaux parce qu'ils en ont besoin, pour aller bien. Tu sais aussi que tout le monde joue un jeu parce que tu l'as appris depuis longtemps que ça marche comme ça.

Tu sais pas vraiment ce que pensent les gens de toi. Tu leurs dis peut-être pas assez ce que tu penses, d'eux. C'est peut-être ça aussi le problème. Le problème. Il n'y a finalement que ça, des problèmes.

File moi une pilule, peut-être alors, si tu penses que ça va mieux. A supporter cette putain de rage que j'ai en moi. Je dois aller "mieux" pour supporter cette envie folle de conduire ce métro qui est sensé m'amener quelque part ou j'ai rien demandé. Je ne supporte plus d'être enfermé parce que c'est une chaîne de plus qui m'entrave dans un monde où tout le monde trouve ça normal, comme résigné.

Certains font du rock. Tu aurais dû y rester, si tu avais du talent.

Mais du talent, t'en n'as pas beaucoup. Beaucoup de choses te sont dures. Très dures à faire. Sauf parler. Parler, c'est pas dur. Mais parler, quand tu vas pas bien et qu'il faut encore parler, est-ce que ça te sert à quelque chose.

Fume. Fume. Fume.

Les gens ont des problèmes. Beaucoup. Ils ont pas le temps. Ils doivent manger. Tous les jours. Trouver à manger. Faire les courses. S'occuper du petit dernier. Et attendre les vacances de fin d'années pour partir se reposer. De cette vie et de ce boulot. Et des factures à payer et du prêt à rembourser.

Des gens tombent sur d'autres gens. Des rencontres hasardeuses, bonnes ou mauvaises. Des bières pas chères, des retours d'enfer.

Tu pensais qu'aller la bas, comme on te l'as dit, tu le voulais. Tu pensais que la réalité était mieux que le fantasme de la réalité. Tu pensais que finalement sortir de ton cercle était la meilleure chose qui soit. Pourquoi les gens alors font tout pour te retenir dès que tu t'en vas ?

J'ai peut-être plus d’exergie. Peut-être que oui, 30 ans et plus, c'est pas l'âge où tu t'amuses comme quand tu voyais des films plus petit où c'était le cas. Tu t'amuses quand alors ? Quand il y a le panneau trop tard et que tu as oublié de faire plein de choses, surement.

Tu passes trop temps derrière un pc. Tu ne veux pas t'acheter un smartphone parce que c'est la fin de ton humanité. Je vais crever d'être entraîné à faire des choses qui me font chier. Et je sais que ces choses peuvent m'aider à encore plus aller mieux pour ensuite me faire chier.

Les gens qui pensent que les gens comme moi en général n'ont pas assez de problèmes pour être aidé vont pourtant vouloir le faire, alors même qu'ils vont tout mettre en oeuvre pour expliquer que des gens comme moi n'ont pas être aidé.

C'était aussi surprenant que largement encore plus angoissant dans mon état. Je ne sais plus. Je vais peut-être encore tomber. J'aimerais tant avoir deux flingues, une dans chaque main et tirer sur tout ce qui bouge. Adopter une posture guerrière sur un champs de ruine pour me sentir exister. Vision de massacre liée au fait que cette rage en moi ne s'arrête jamais. Cette vision, trop de mecs la partage. Vision de guerrier d'un autre temps qui n'a jamais existé autre part que dans les BD, les romans et les films. Et tu sais très bien que la réalité n'est jamais aussi belle. C'est toujours un peu gris, voire noir.

Certains pourront plus te parler de la même façon et ils t'éviteront pour ces mêmes raisons.

Et je suis tellement dans le monde. Finalement. J'en ai jamais bougé; Véritable aimant à toutes les conneries ambiantes il est dur pour moi de faire un tri sélectif de tout ce que je prend à gauche et à droite. Dur de réunir tout ça dans un ensemble conforme et cohérent qui tient un peu la route.

Je viens de lire un article sur le coté anal des hommes hétéro qui aiment donc qu'on s'occupe de cette partie là et qui s'inquiète donc d'être homo ou pas fait appel à des spécialistes du sexe pour qu'elles disent si c'est normal d'avoir envie de supporter ça, de se faire mettre un doigt, voire plusieurs dans le cul. Ca m'a fait sourire parce que c'est exactement toujours le même problème dans ce monde. Les hommes et leur sexualité et leur besoin de s'affirmer ou de se rassurer dans tous les domaines. Comme si ça servait à quelque chose pour la fin de l'histoire. La virilité des mecs est supposé être quelque chose de rassurant quand tout va mal. Est-ce que c'est un truc à la mode ? C'est bien ça qui m'inquiète. Pourquoi des choses qu'on te dit que ça devrait pas le faire le "font" au final ? J'ai aussi des expressions d'un autre temps...

Je prend. Je prend trop. Je garde tout et je recrache rien. Et après j'ai mal là, j'ai mal ici. J'ai mal. J'ai mal. Des fois ça pète et je ne m'en rend pas compte. Je peux encore faire. NON TU NE PEUX PLUS. Si je peux encore faire. NON !

Tu ne te sentirais pas vraiment exister si tu ne pensais pas un seul instant que prendre un peu du poids du monde et de la saloperie ambiante te permettait peut-être de te sentir heureux quand tout va mal.

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