Male tears et ton anglais de merde

Ca fait quelques mois que je suis avec curiosité et intérêt cette nouvelle vague de féminisme façon web 2.0. Je le suis avec d'autant plus d'intérêt parce que j'ai toujours un peu aimer ces "petits combats" qui peuvent changer le monde. Et cette faculté a ne pas être totalement blasé et désabusé, aussi par une société qui te cloisonne.



Bien entendu, en tant que mec, le texte qui va suivre n'a strictement aucune valeur. Mais je m'en fous, je suis chez moi. Tant que Blogger ne me virera pas et que je paye bien ma connexion internet (ou que je la vole, mais ceci est un autre débat). Enfin moi, en tant que mec, je cautionne ça, surtout. En fait. Hein ?

crédit photographique : http://karenabramyan.com/



Vous savez ce qui m'emmerde un peu dans tout ce nouveau féminisme ? C'est pas tellement le fond, mais plutôt la forme. Cette faculté à vouloir donner une universalité à ce combat mais en sortant des théorie anglo saxonnes, voire américaine, avec des mots anglais et qui me fait toujours sourire parce que j'ai l'impression que notre langue n'a aucune équivalent. Surtout quand je lis "male tears", "manplanning" et tous ces termes incompréhensible par 80% de mes chers compatriotes pour qui la seconde langue se résume à parler leur patois local (breton, corse, provençal et Jean Passe).

En clair, cette universalité viendrait d'une langue et d'un pays qui n'a ni la même culture que nous et encore moins les mêmes problèmes. Mais bon, il faut être universel. Alors on emploie l'anglais. Ca doit faire classe. Ce petit franglais qui est glissé dans un débat où tu captes plus rien parce que tu dois comprendre ce que ça signifie tout ça.

L'anglais, c'est bien mais c'est de la merde un peu quand tu dois expliquer des choses et mettre en avant certaines choses. Quand tu dois expliquer à des filles et des garçons des comportements qui ont été déjà théorisé avec des mots français. Vous savez, cette langue qui va finir par mourir à force de la parasité avec tout un tas de choses qui ne sont pas nous.

J'ai été surpris donc de voir que certaines filles qui seraient totalement féministes ne parlent pas l'anglais. Pour moi l'anglais, tout le monde le parle, hein ? Enfin, je pensais. Mais non. Donc tu te retrouves avec tes mots anglais que tu balances quand ça t'arrange, avec un petit rictus de gens bien comme il faut parce qu'ils ont lu des théories anglo saxonnes partagée, partagée, partagée et partagée, sur des réseaux sociaux américains. Et en expliquant que tout ça, c'est universel. Mais en fait, tu ne parles à personne en France. Les gens ne savent pas, ne connaissent pas et ne peuvent pas savoir.

La faute à une maîtrise des langues totalement foireuse dans ce pays. La faute à nous, français, qui aimont notre langue un peu trop pour ne pas accepter celle des autres.

Laissons nous ça, c'est peut-être la seule chose qu'il nous reste, en fait.

Et on en vient donc au "male tears". Ce qui est marrant, c'est que jusqu'à l'année dernière, j'en aurais rien eu à cogner de tout ça. Le mecs ne pleurent pas parce que c'est comme ça, bla bla. Enfin, vous connaissez la suite, c'est se plaindre que nous sommes en haut et qu'on veut pas donner un peu de notre pouvoir. Je schématise un peu mais c'est un peu ça. On pleure pas surtout parce qu'on est jeune.

Mais la dernière, je l'étais plus. Jeune. J'étais vieux et ça a été un sacré bordel dans ma tête. Un bordel comme jamais je n'aurais jamais pu l'imaginer. Et je vais donc te faire pleurer. Ou plutot je vais pleurer. Je suis allé voir un psy dont l'une es premières phrases et je m'en souviens encore et qui a fait mouche, c'est que tout le monde subit une dépression, femme comme homme, mais que pour les mecs, ça vient à mon âge. Et beaucoup se voilent la face.

Les mecs, c'est juste ça, ça se voilent la face. Et c'est vrai. Ca pleure pas, ça picole. C'est beaucoup plus simple et moins dangereux pour ne pas se voiler la face. Je me suis retrouvé devant ce psy, autant honteux que totalement en merdier, à me dire ce que je foutais là, qu'est ce que je pourrais faire pour m'en sortir. Quels trucs ? Par ou commencer ? Pourquoi tout m'angoisse à mort ? Et que je ne peux plus rien bouffer ? Que j'ai l'impression d'avoir pris 10 000 volts dans la gueule et d'etre constamment electrocuté ?

Tout ces trucs, c'est du "male tears" pour moi. La complainte du mec qui n'a jamais rien eu de négatif dans sa vie hormis les trucs banaux comme la mort de ses proches, des boulots de merde et une vie sentimentale avec des hauts et bas. Plus de bas que de haut. Une vie banale dans un pays où on ne risque pas de se prendre une bombe sur la gueule tous les jours que Zeus fait. Jamais trop fait de conneries ni été un super chieur à te flinguer tes soirées.

J'ai pris cher. Et tu ne sais pas à quel point. J'ai même pas eu besoin d'avoir un élément déclencheur. Tout s'est cassé. Pas pu recoller les morceaux pendant des mois. Et je sais que je ne suis pas tout à fait guéri. Je sais maintenant que je suis sur un putain de fil.

Et que j'ai jamais eu autant peur de la mort que depuis quelques mois. Cette putain d'idée ne me traversait pas l'esprit avant. J'étais immortel. Maintenant j'ai peur. Je veux pas mourir et j'ai super peur de ça. Je ne sais même pas pourquoi ça me fait ça. C'est nouveau.

Je me suis toujours considéré comme un lâche, me semble. De ne jamais pu aller dire "va bien te faire foutre avec ta vie de merde" pour laquelle je ne suis pas fait. La plupart des gens sont comme moi et je le sais maintenant. C'est peut-être ça qui me fait le plus flipper. Des petits zombies qui ont trop peur de bouger les choses pour ne plus rien faire et se cantonner à leur petit cercle d'amis qui leur servent autant de point de référence que de seul ancrage pour ne pas sombrer dans les méandres de leur âme qui est noire, forcément noire.

Alors un mec qui se plaint, c'est ça, en fait. Un mec qui se plaint est juste un type qui a découvert qu'il pouvait tomber et que ça faisait mal. Avant il pensait que seuls les autres tombaient. Et il découvre un jour que ça peut être lui. Il ne peut plus se voiler la face en picolant pour oublier. Il a arreté de picoler aussi. il a plus de canne pour marcher et se soutenir. Il prend pas de produit chimique parce que c'est pour les pédés. Et il en prend maintenant. Et plus il en prend, plus il en parle et il se rend compte que beaucoup de gens a dans son sac, ses poche, le même genre de merdes, pour tenir la journée. Avant de recommencer.

J'aurais peut être du faire comme mon père (ou d'autres proches de moi dont je ne parlerais pas), qui picolait pour oublier les échecs de sa vie et tout ce qu'il n'a pas eu. Alors qu'il aurait pu. Je sais maintenant que je suis pareil. Et ça me fait encore plus flipper. Flipper de savoir que j'ai des gènes de merde à devenir complètement fou et de me flinguer comme ma tante et ma cousine. De savoir que je vais crever dans pas trop longtemps d'un AVC qui va me flinguer et que ma fierté va être de fermer ma gueule.

Alors vois tu, les "males tears" comme tu dis, j'ai envie de te les foutre au cul. A toi et tes semblables. Parce que tu sais pas. Personne ne sait de toute façon. Parce que tu t'en fous autant des autres que les autres. L'empathie n'est de toute façon pas la qualité la mieux partagée et si tu n'avais pas eu de problèmes, tu t'en serais jamais aperçu que le monde ne tournait pas rond. Que tu sois une femme ou un homme d'ailleurs. D'ailleurs, vous me faites un peu tous chier, je dois bien l'avouer, avec vos certitudes.

Quant au regard des autres, j'ai été trop grand pour les autres, trop "pas d'ici" pour être intégré", trop "fils de commerçant" pour etre honnête, trop "riche" pour être pauvre, trop "gaucher" pour ce monde de droitiers, trop "prise de tête" pour les gens qui ne pensent pas, trop "grande gueule" pour être fréquentable, "trop paysan" pour les gens du Monde, trop "provincial" pour le parisien, "trop con de sudiste" pour le nordiste, "trop branleur" pour les gens qui bossent, "trop tu ne sais pas ce que tu veux" pour les gens qui savent, "trop sans enfant" pour les gens qui en ont.  Trop tellement de choses que je ne pourrais plus les résumer. Se placer, se hiérarchiser, se contenter et se faire crever à feu doux. T'aimes ça les clichés ? Ca sent bon le sable chaud.

Que j'aurais aimé ne pas me poser ces putains de questions depuis que mon cerveau s'est mis en marche il y a quelques dizaine d'années. J'aurais aimé ne penser à rien juste à bouffer dormir et baiser. Pourquoi je me suis retrouvé avec un cerveau qui fonctionne trop vite et qui me fout dans une merde sans nom? A pas savoir où je vais et quelle putain de chemin je dois prendre pour arrêter de me dire que demain, tout va s’arrêter.

J'en ai strictement aucune idée. Je ne sais pas comment les autres pensent. Et c'est bien dommage. Des fois, j'ai envie de me faire lobotomiser, juste pour arrêter de penser, de penser et de penser. Juste suivre mon instinct et aller me chercher à bouffer et me trouver un toit pour la nuit. Je ne sais même pas si ça existe, d'ailleurs, cet état de fait. J'avoue que je ne sais même plus si l'humanité, depuis son origine, a pas commencé à se poser toutes les putains de questions que je me pose, même si elle avait moins de temps pour ça.

Et l'année dernière, j'ai jamais autant aimé le chant des oiseaux, l'herbe, les arbres, le soleil, les conneries de choses que j'aurais jamais vu avant. Ne plus me sentir oppressé, paralysé, enfermé, cloisonné, déchiré, torturé, électrocuté, attristé, peiné et tous ses sentiments qui m'ont flingué.

Enfin, tu ne sais pas. Tu ne peux pas savoir. Tu ne sauras que quand tu tomberas et que plus personne ne pourra te ramasser à part toi même. Ce délicieux moment où tu n'es plus que la seule personne au monde à pouvoir vraiment t'occuper de toi, malgré l'aide des autres. De tous les autres qui, comme ils ont pu, t'ont filé des choses à faire, des trucs, des astuces.

Marrant, je tape ça, j'ai les mains moites. Je suis pas tout à fait guéri. Hein ?

Voila pour toi, tes male tears et ta vision des choses. Reste avec tes certitudes, j'ai appris que rien n'est simple pour faire bouger les choses, à part tuer les gens. Et tuer les gens, c'est peut-être ce qu'on a fait de mieux non ?  La puissance de la mort, peut-être la seule chose pour laquelle on règle les problèmes simplement. En toute indifférence.

 Ca me rappellera une connasse qui me disait, sur un topic "féministe" que j'étais "bête à manger du foin", expression toute faite, encore une fois. Ca me rappelle trop les gens du FN sur tous les topics politiques dans tous les journaux que j'ai modéré par le passé. De ce point de vue, des expressions toute faites, une volonté de cloisonner et des jugements à l'emporte pièce. Au fond, pour ce que j'ai vécu, tu ne m'apporte rien, cher connasse, sur la volonté de ne pas cloisonner, de ne pas juger. Tu es juste pareille que les autres.

Zeus, que j'ai en ai marre de réagir à la connerie humaine issu de ton code de valeur pré maché. De n'importe quel bord qu'elle soit.

Aussi, je me demande si vous pouvez pas tous crever, tiens. Pour voir.

Et puis Haut Les cœurs (putain, je te hais de m'avoir fait découvrir ce morceau :D )

Commentaires

  1. Bonjour, je sais que cet article a 1 ans et que le blog n'est peut étre plus actif, mais j’espère que depuis tu as pigé que "male tears" ne veut pas se moquer des hommes qui pleurent, évidemment que les feministes ne se moquent pas de ta dépression et que tu as le droit detre deprimé , male tears se moque juste des hommes qui ramènent tout à eux quand une femme se plaint d’être harceler (par exemple) et que l'homme bête répond "oui mais les hommes aussi sont harcelés et puis nous on risque plus d'etre frappés et puis de toute facon moi j'aimerais bien etre dragué dans la rue lol"
    de rien, bisous.

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