Tout ça, c'est fini


Il y a donc quelques temps, je me suis mis à écouter Fauve (je mets pas le signe différent, tout le monde connait maintenant). Fauve, jeune groupe composé de jeunes blancs tout propres sur eux  ont débarqué y a un peu moins de deux ans dans l'univers parisiens, à écumer quelques petites salles de concert.

bref, je vous la fais courte, parce qu'on va pas y arriver et qu'il y a (surtout) des robots pour écrire les biographies du groupes sur wiki.

Fauve est estampillé "musique pour jeunes dépressifs" par ses détracteurs. C'est un peu con parce que du haut de mes 36 ans bien sonnés et assez tassé, je me suis retrouvé pas mal dans leurs paroles. Il faut dire que oui, j'ai subi deux (petites) dépressions. 

Oui, je sais, je sais, les dépressions, c'est pour les autres (comme l'enfer, d'ailleurs): les faibles, les jeunes, les ceux "qui ont mal à la vie" et qui ne savent pas pourquoi et autres conneries de ce genre qu'on nous apprend à la télé (et surtout dans les bars) pour éviter de trop penser, trop réfléchir, trop cogiter et se retrouver tout seul avec son âme.

Alors Fauve oui, est un groupe qui a connu ça. Ça s'entend pas mal et ça se décèle tout autant si on analyse u peu les paroles (comme tout bon dépressif, de toute façon). Vous me direz, dans le pays champion du monde des anti dépresseurs, quoi de plus normal que d'être touché par cela, par ce petit phénomène de société.

Les dépressions, ça arrive surtout quand tu te sens pas mal coincé quelque part. Cette société, à force de nous materner, ne nous a pas forcément préparer à tous le bonnes saloperies de la vie. Grande ou petites, et quelque soit ta putain de situation sociale, économique, professionnelle et autres. On se cogne tout autant aux choses de la vie sans forcément pouvoir y apporter une réponse construite hormis celle de tomber et vasciller.

Alors il y a plusieurs façon de se stabiliser: clopes, alcools, ganja, coke, sport, sexe et autres.

Tous ces trucs qui te permettent de tenir et d'éviter de tomber et de ne surtout pas essayer de rentrer dans ton esprit noir et lugubre, quand tes putains de pensées et la poussière que tu as mis sous le tapis refait surface, avec tes démons qui prennent un malin plaisir à te charcuter et t'empecher de vivre correctement. Quand ce mal insidieux te ronge et te pertube à un point que les choses les plus banales peuvent prendre une tournure dramatique.

Toutes ces choses là, on les affronte ou on fuit. Quand ni l'un ni l'autre n'est possible, le corps te le dit. Et BOUM. Tu peux plus bouger, plus rien faire, plus avancer ni reculer. Tu peux même pas te flinguer et encore moins aimer la vie. Plus rien n'à de sens et tu passe le plus clair de tes journées enfermé, comme tétanisé, paralysé et en perte total de repères. 

Marrant, quand j'écris ça, je transpire. Il faut croire que c'est toujours pas parti. Je pense que ça va rester en moi encore quelques temps. Affronter ses démons. Le truc le plus difficile à faire parce que ce ne sont pas ceux des autres. Tu n'as pas de conseils pour toi-même. Tu sais juste que ça va être difficile à faire.

Ce que j'ai vécu l'année dernière m'a foutu un grand coup derrière la nuque. J'ai constamment peur de retomber, de replonger, de me retrouver encore par terre sans possibilité de pouvoir m'échapper.

Cette peur est bien entendu exagérée. C'est pour cela que la dépression est une merde finie sans nom qui te prend et ne veut plus te lâcher. Qu'il faut pouvoir dormir quand tu n'y arrives pas, être heureux et rire quand tu as juste envie de ne rien faire.

Alors évidemment, quelqu'un qui chante "nique sa mère le blizzard" peut être (voire même surtout) totalement ridicule et je le conçois tout à fait. Ridicule parce que ça l'est un peu, ce cri du coeur totalement con mais aussi totalement parlant pour ceux qui l'ont vécu, ce brouillard. Ce brouillard, et non pas blizzard, pour ma part, j'étais en plein dedans. Je sais et tous ceux qui ont été comme moi savent. C'est quelque chose d'universel mais honni par la société. Parce que faiblesse, parce que problème, parce que surtout "ça me ferait regarder mon propre reflet et j'y verrais bien de la merde, aussi. Et ça, je veux pas".

Alors arrive à un moment où tout explose, tout s'entrechoque, tout se percute, où tu as besoin de crier fort, de dire au secours, de dire je peux plus, j'ai plus envie, allez tous bien vous faire mettre, je morfle, je ne sais pas pourquoi, j'ai pas envie de savoir, vous me faites chier avec vos conseils, votre humour, votre relativisme, votre tout en fait. 

Voilà, c'est ça ce qui se passe quand ça se passe. Et tu fais rien, on te donne des pilules, tu veux résister mais on te dit que c'est bon pour toi, que ça va te guérir, te faire aller mieux, te donner une béquille pour marcher pendant quelques temps et que tout va aller mieux, avec le temps, surtout le temps et beaucoup de temps.

Mais tout ça, c'est fini.

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