Du drapeau français et des insultes à Daesh

Ce que je vais écrire là ne va pas être compris ni même bien lu par beaucoup de personnes qui ont été meurtries. C'est normal. Il y aura après celles qui ne veulent pas le comprendre, pour d'autres raisons. Ayant vécu des décès cette année, je sais ce que c'est que réagir à chaud et je sais ce que sait que réagir un peu plus à froid.



Certains savent le métier que je fais et savent donc ce qui s'est passé de l'autre coté du net. Parce que je leur ai dit. Parce que derrière des IP, des profils, il y a des gens qui cherchent le chaos.

Certaines personnes, qui ne sont pas majoritaire chez moi, n'ont pas compris pourquoi je m'étais emporté contre le Drapeau Français (notez que je mets des majuscules parce que je l'aime bien ce drapeau, je vibre à chaque fois qu'une EDF joue un match ou participe dans une des compétitions sportives organisées sur la planète) mais c'est parce qu'on ne m'a pas laissé le choix.

Oui, ce symbole, qui réunit tous les français, est aussi devenu un symbole politique qui a été récupéré par un parti politique. Oui, ce symbole, qui est aussi et surtout une certaine idée de l'humanité, du vivre ensemble tel que voulu par nos ancêtres, est devenu aussi, parce qu'on a laissé faire, le symbole d'un "certain" patriotisme. Et qu'on ne peut plus, que je ne peux plus, déployer quand il me chante parce que oui, mon Etat ne m'en a pas laissé le choix. Et oui, on me flinguerait surement parce que j'ai OSE critiqué l'usage de ce drapeau dans ces circonstances. Comme si c'était un crime de lèse majesté.

J'avais déjà suggéré l'idée d'interdire qu'un parti politique puisse s'accaparer de manière aussi vive et prégnante ce symbole. Mon Drapeau est devenu un positionnement politique. Et je l'ai déjà remarqué plusieurs fois où il a fallu que je me place, que je me situe, avec ce drapeau. Que je montre que j'aime mon pays. Comme s'il fallait traquer, juger une personne à travers ce symbole.

Oui, ce Drapeau est avant tout une idée. Oui, il véhicule des aspects positifs comme négatifs. Oui notre histoire est une histoire de guerre mais aussi de paix, d'idées, de transcendance et d'une certaine universalité des échanges entre les hommes. Nous avons une longue histoire, faîte de coups durs et de coup de coeur. Nous devons assumer cette héritage, qu'il soit bon ou mauvais. Certains ne veulent que voir le bon. D'autres ne veulent que voir le mauvais. Libre à eux. Je sais ce que ça implique quand on ne regarde que par un seul bout de la lorgnette. Beaucoup de gens s'estiment au dessus de la melée mais ne veulent pas comprendre, lire et écouter les autres. Ils ne peuvent ou ne veulent pas.

Cette imcompréhension m'ennuie. Surtout dans ces temps troublés qui perdurent depuis plusieurs années dans ce pays. On est connecté mais on ne se parle plus. On a quelques caractères pour s'exprimer quand il en faut des milliers et des milliers. Je viens d'une époque où je passais un temps fou à boire du café, fumer de la clope et discuter avec mes semblables. Discuter, discuter, échanger, argumenter, approfondir, écouter, comprendre, analyser. Ces longues journées où, au lieu de faire l'activité pour laquelle j'étais officiellement inscrite, je la passais à échanger. Avec ceux que je croisais.

Je sais affirmer mes points de vue avec force. Ce n'est pas très difficile quand justement, on a passé beaucoup de temps à discuter. On sait comment "gagner la partie", on sait comment avoir raison dans une discussion et emporter la victoire. Ce n'est pas très difficile quand on maitrise les codes.

Ce que je veux dire par là, c'est que c'est la même chose que mon statut Facebook sur cette histoire du Drapeau. Non, nous ne sommes pas Américain. Non, même si on partage cette volonté d'universalité avec eux, nous ne faisons pas la même chose ni dans l'esprit, ni dans la volonté. Nous sommes avec les US dans leurs moments comme ils sont avec nous dans les nôtres. Mais si nous sommes frères, nous ne sommes pas pareil. Et nous ne le seront peut-être jamais. Ce n'est pas un mal. Toute personne ayant eu des frères et sœurs dans sa famille sait qu'on peut très bien aimer sa sœur ou son frère sans qu'elle soit pareil-le que nous. C'est exactement le cas pour nous, Français, avec les Américains.

D'où certaines incompréhension de leur part quand nous n'avons pas voulu faire la guerre en Irak en 2003. Qui ont amené pas mal d'entre eux à nous boycotter par certains procédés vulgaire, mais parce qu'on les touchait en plein cœur.

Beaucoup de personnes aiment à dire que les autres n'ont pas la vérité absolue. Beaucoup oui, adorent dire ça. Dire que l'autre, malgré ces arguments n'a pas raison. Qu'il n'est pas supérieur. Et sortir d'autres argument pour le montrer.

Ce qu'il faut qu'on comprenne, tout un chacun et de manière collective, ce sont les choix que l'on fait qui nous amène là. Beaucoup de gens ont de la rancœur pour notre Drapeau, véritable symbole du merdier actuel. Parce que nous avons une histoire de Colonie. Parce que nous avons un passé qui n'est pas toujours bien rose. Que certains ont oublié qu'entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et maintenant, il s'est passé beaucoup de choses qui ne plaident pas forcément en notre faveur auprès de certaines populations.

Il ne s'agit pas ici de légitimer certains actes. Il ne s'agit pas ici de justifier des actes horribles commis depuis le début de l'année. Il ne s'agit pas ici de choisir un camp actuel, comme si nous n'avions, nous, que ce choix à notre disposition. Frapper ou être frapper. Cette vision ne peut plus avoir cours.

Beaucoup de gens à travers le monde aiment la France. Et ils nous l'ont fait savoir en portant NOTRE Drapeau, en chantant NOTRE Marseillaise. Malgré les insultes à longueur d'années de leur part, malgré leur volonté de nous taponner en la moindre occasion. OUI, cela va droit au coeur et touche chacun d'entre nous.

Mais nous français, nous devons faire autre chose. Nous ne pouvons pas juste porter ce Drapeau comme si de rien n'était. On ne nous a laissé que certains endroits pour le porter fièrement. Les compétions sportives, les hommages à nos Morts pour la France. Nos Elus. Cet étendard, symbole de liberté ne l'est plus pour beaucoup de monde. Tout ceux qui ressentent cette rancœur vis à vis de nous. A tord ou à raison. Souvent plus à tord qu'à raison.

Nos ennemis, puisqu'il faut les appeller comme ça, s'en servent. Pour eux, nous les trompons, nous leurs faisons du mal. Nous sommes le mal. Nous incarnons des valeurs qui ne sont pas comprises et qui sont même mauvaises. Il y a beaucoup de propagande dans tout ça. Il s'agit de choisir un ennemi et nous sommes tout désigné. C'est simple et efficace puisque nous portons en nous une certaine universalité de l'humanité. Nous sommes peut-être le pays le plus socialiste du monde avec des gouvernements les plus à droite du monde par moment. Comment ne pas devenir fou ? Qui peut comprendre ce pays, finalement.

Surtout  aujourd'hui, avec toutes ces composantes diverses et variées, avec toutes ces personnes d'origines diverses et variées qui composent l'essence même de ce pays, qui vivent dans ce pays. Qui sont ce pays, sans oublier leur racines, parce que les racines sont aussi importantes que l'avenir. Certains ne veulent que voir les racines et ne pas voir l'avenir. Et c'est ça qui nous flingue un peu. Je pense à tous ces français qui ne se sentent plus français. Je pense à ces français qui se sentent trop français. Je pense à tous ceux qui choisissent d'opposer.

Oui, je n'ai pas mis le Drapeau français en bandoulière. Oui, je ne peux pas admettre qu'une société privée Américaine m'intime de le faire. Non ce n'est pas parce que je ne suis pas français et non ce n'est pas parce que je n'ai pas plus ressenti que ça la mort de mes semblables. Je ne peux pas parce que la Bannière Étoilée n'a pas la même histoire que le Drapeau Tricolore. N'a pas le même message à l'heure actuelle. Que oui, les autres pays du Monde entier peuvent nous rendre hommage. Ca me touche. Qu'ils soient d'ailleurs sportifs ou politiques. Ca me touche de savoir qu'on est quand même encore un peu aimé dans ce monde quand on passe le reste du temps à nous tomber dessus. A nous insulter. A nous caricaturer...

Et c'est justement ça, aujourd'hui que je ne veux pas faire. Je ne veux pas être caricaturer. Parce que c'est justement ça le problème. Le bien, le mal. Grossir le trait. C'est facile à comprendre pour tout le monde. Il y a les bons et il y a les méchants. Comme un film de cowboy des temps anciens. Comme quand je faisais des BD à 10 ans ou les méchants devaient payer pour leu crimes (je vous ferais captures d'écrans si vous voulez voir, d'ailleurs, ça fait rire ma copine).

Nous ne pouvons plus nous permettre, puisque nous sommes une vieille Nation maintenant de faire ce que nous avons fait par le passé. Nous avons déjà bombardé la Syrie. Comme ça. Parce qu'il fallait Réagir. Mais c'est peut être trop tard. Nous avons encore une fois réagit au lieu d'agir.

Et j'en viens donc au deuxième propos et Daesh.

Vous savez que ces mecs veulent tous nous voir mort. Ou devenir religieux comme eux. Ou Esclave. Enfin, on ne sait plus trop tellement ça part dans tous les sens. Mais on peut dire qu'on ne mérite que de crever la gueule ouverte en picolant une Margarita, pour grossir le trait. De toute façon, c'est notre épouvantail. Et il ne fait pas seulement peur aux oiseaux.

Depuis samedi, je lis les RS. Beaucoup d'insultes : cons, connards, enculés, salauds, pourri. Dessinés ou dits. Caricaturé, mis en image, détourné, ect, ect. C'est normal. C'est une réaction, une réaction liée à l'émotion du drame. Si tu as perdu quelqu'un, tu sais que tu as colère et haine. C'est humain.

Mais passé ce temps là, ce temps de la rage. De la colère. Et quand va s'installer doucement celle du chagrin, du quotidien, il ne faut plus insulter notre ennemi désigné comme tel par lui. Je ne dis pas ça parce que je me prend pour Jesus. Je ne suis pas trop religieux. Il ne faut plus parce qu'il faut que les gens qui veulent adhérer à cette entreprise de démolition contre d'autres humains ne doivent pas être tenté de le faire. Ou pour parler plus simplement : arrêter de donner le bâton pour nous faire battre.

Nous avons fait des erreurs dans ce pays. Nous n'avons pas écouter certains. Nous avons laissé des gens dire que nous étions des ennemis. Que nous avons exclus ces gens là. Que nous les avons jugé au lieu d'abord de les écouter. de comprendre, d'argumenter et d'expliquer. Nous avons insulté, nous aimons ça. Nous aimons être celui qui a raison. Nous aimons insulter l'autre.

Les mots tuent. Vous le savez très bien. Vous savez très bien pourquoi dans ce pays, nous avons limité la liberté d'expression. Et à raison. Les mots tuent et quand on insulte, on tue aussi. Pas tout de suite. Plus tard. Beaucoup plus tard.

On peut s'estimer aucunement responsable de ce qui arrive. Et c'est vrai en partie. Nous élisons des gens tous les ans qui doivent être responsables à notre place : des Présidents, des Maires, Des Parlementaires, ...

Nous avons mis entre leurs mains notre responsabilité et nous ne sommes pas coupables s'ils font de la merde. Parce que nous somme le Peuple. Nous en sommes arrivé à nous dédouaner de toute responsabilité en faisant ce geste. En la donnant à d'autres. Ca nous a rassuré. Ca nous rassure. Nos politique sont nuls. Encore une fois, c'est pas moi, c'est les autres.

Si vous aimez les valeurs que véhiculent ce pays à travers la littérature, l'art, le cinéma, la BD, les artistes, la certaine idée de la France. Alors vous devez comprendre ce que je dis. Vous le savez. Nous devons refaire aimer ce pays à tout le monde, ceux qui y habitent et ceux qui le voient à des milliers de km de là. Nous en avons la responsabilité et le devoir. Nous devons, si nous voulons rester dans cet esprit peut-être et même surement fantasmé, d'universalité, changer notre angle d'approche.

Voila pourquoi, même si j'écris ça mardi, même si j'ai bien conscience que c'est un peu tôt encore pour beaucoup d'entre nous. Mais il se trouve que moi aussi, j'avais deux ou trois choses à dire. Et que ce n'était pas seulement une histoire de Drapeau.

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