Occupy Terrasse

Pourquoi faut-il d'autres symboles que celui-là ? Je ne sais pas. C'est finalement le meilleur. Celui de ces quartiers touchés. Ceux qui sont passés par ces coins le savent. C'est le coin de l’insouciance, de la fête, de la bouffe, du sexe et un peu de drogue. C'est le carrefour où se croise des gens et où ce week end, l'horreur a eu cours.



Les parisiens adorent les terrasses. Parce que c'est le seul endroit ou tu peux choper deux rayons de soleils pour ton niveau de sérotonine. Le seul endroit où tu peux et ou tu as le droit de raconter ta superbe vie et en faire profiter tous tes voisins qui n'ont rien demandé. L'endroit où tu peux exprimer ta joie de vivre en parlant de tout ce qui te touche toi mais dont les autres en ont rien à foutre. Mais tu n'es pas le seul. Tout le monde fait ça dans un brouhaha sans nom.

Ce coin est un coin pour faire ça. Il y a quelques institutions mais aussi des bars qui ouvrent et ferment au gré de la gentrification du patelin. Ça bouge tout le temps et l'endroit à la mode ne le sera plus dans 2 mois. Tu ne seras déjà plus à la mode de toute façon. Et le patron du bar qui te rinçait à l’œil parce qu'il te trouvera cool aura fermé et un autre aura pris la relève.

C'est peut-être l'un des endroits les plus emblématique de la richesse de Paris. Celui où les gens se mélangent peut-être un peu plus qu'ailleurs. 

Alors flinguer ces endroits, c'est flinguer un peu cet idéal de vie où tout le monde se côtoie sans se bousculer, d'où des manif partent et d'autres arrivent. Des endroits ou tu vas bouffer des trucs trop chers et picoler des trucs pas bon. Mais tu t'en fous aussi parce que tu vas courir après une Happy Hour. 

Quand tu passes dans ce quartier, il y a toujours une foule qui attend un concert. Ils peuvent être noir, blanc, colorés, casquettés, chevelus, barbus, moustachus.... Tout dépend du groupe ou de l'artiste qui va se produire dans une des salles du coin. Que ça soit le Bataclan, L'international ou Le Nouveau Casino.

C'est tellement le bordel certains soirs que tu demandes si, en faisant de l'humour noir, ce ne sont pas les habitants du coin qui ont commandité ces attentats tellement ils en peuvent plus. Mais ils le savent, il parait, comme ne manqueront jamais de rappeler les gens alcoolisés de passages, qui gueuleront dans la rue à en perdre la voix.

Ce quartier, ces quartiers, sont des quartiers de vie. De joie, de pleurs, de disputes, d'embrouilles, où on joue à être français, malien, noir, blanc, blond, artiste, hippie, hipsteur, danceur, scénariste, graphiste, attaché de com, croyant, coiffeur, maman, boulanger, barman, pornstar, acteur et j'en passe. De toute façon, il y a toujours quelqu'un qui doit monter une pièce ou écrire son livre, par la bas. Qui doit alimenter sa chaine youtube. Qui a des projets. Pleins.

Ce quartier est un quartier de vie. Ou tout ne doit durer qu'une nuit, comme un anniversaire, un concert, un rendez-vous. Ce quartier tu viens, tu t'en vas, tu y reviendras, tu y resteras et tu l'aimeras peut-être encore plus que quand tu l'auras quitté. Tu le haïra pour ce qu'il est, ce qu'il n'est pas ou ce qu'il devrait être.

Mais ces quartiers, ces gens qui ont peri de cette envie de vivre, de cette envie de profiter de la vie, de prendre du bon temps résonne en moi comme ce symbole de ce mélange et de ce brassage qui font la force d'un idéal et d'une récupération, quelle qui soit, qui sera à mes yeux, jamais trop la bonne.

Parce que je crois que la meilleure récupération qui soit est de se dire "Je suis en Terrasse". 

Non pas pour faire un doigt d'honneur à tous ceux qui ont besoin de se retrouver derrière un symbole d'un pays ou d'une ville mais parce que c'est ça, ce quartier. On est peut-être français, on est peut-être parisien mais j'avoue que c'est surtout cette vie passionnée qui m'a d'abord sauté à la gueule. Et c'est tout la magie de ce quartier; Et tout cet esprit d’insouciance et de liberté que tu as quand tu t'y rends. C'est le quartier de la fête, des rencontres, des embrouilles, des colères et, plus surement, de la vie. Et je ne vois pas d'autres symbolique que celle là.

J'en suis désolé, parce que ça peut vous heurter. Que vous ne le comprendrez peut-etre pas.

Et je pense à à toutes les victimes de cet esprit. A toute celles pour qui ce soir était un soir de fête. Toutes mes pensées vont vers vous. 

Et un truc: au contraire de ce que dit Hidalgo, on peut avoir peur et même il faut avoir peur. Et quand j'occuperais ma prochaine terrasse, j'aurais surement peur. Mais je pense qu'après plusieurs Mojitos, ça devrait aller. 

A la tienne.

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