La voie de l'échec

Perdre peu à peu  l'estime de soi, c'est un vrai travail.

Depuis que j'ai commencé ma thèse et à la sortie de mon DEA, il y a 8 ans, ça dégringole d'années en années.

Ho, je suis en partie responsable : j'ai accepté de me faire mener en bateau par un type qui est rentré dans les ordres.

Je n'ai pas terminé cette thèse et elle pourrit dans les cartons. Après mes deux années d'ater, je suis tombé au chomage comme on tombe malade. C'est un peu la meme chose. Je suis tombé ...

J'ai bien tenté d'envoyer des candidatures un peu partout. Un refus automatique souvent. Un refus poli quelque fois. Un ou deux entretiens par-ci par là. Un merci au revoir quoiqu'il arrive.

Je me coltine un CV pourri, comme on se coltine des vieilles casseroles. Je ne m'en sors pas. Je ne sais pas quoi faire.

Je passe un concours, j'arrive à l'oral : échec.

Et je retombe encore une fois.


Je ne remercierais jamais assez l'enseignement supérieur et la recherche en France pour m'avoir laisser sur le carreau avec un Bac +5 en poche. Diplôme qui n'a d'autre utilité que d'être bêtement photocopié pour prouver que je l'ai obtenu puisque je n'ai pas un seul boulot avec. Des refus, des refus et encore des refus. Un vrai poinçonneur de diplômes.

Et mon estime descend encore peu à peu.

Des mecs comme moi, ça ne doit pas se plaindre. Mais j'ai dépassé la trentaine. Je suis dans une impasse et je ne sais vraiment pas quoi faire. J'envoie des CV et LM, qui sont à peine lue, envoyée dans une masse informe et surement diforme pour un poste tant convoité.

On me dit qu'il ne faut pas regretter son passé. Je pourrais être grossier mais j'aurais tellement de choses à changer. Autour de moi, ça se plaint de trop travailler, d'être abusé par son patron, de faire trop d'heures.

Qu'est ce que peux je peux leur dire à part les écouter religieusement? J'arrive même à avoir un vrai métier, qui me fasse vivre et avec lequel je n'aurais pas le temps de cogiter et avec lequel je n'aurais pas le temps de dépenser l'argent que je gagnerai.

j'ai donné des cours. Plein. J'en ai marre. Ca a l'air d'être mal perçu. Quand on a envie de changer d'air dans ce créneau, c'est souvent mal perçu. Mais que dire aux gens? Que donner des cours m'a fatigué? Que j'en avais marre d'essuyer les plâtres et prendre les cours que personne ne voulait, parce que j'étais bien gentil et que je pensais qu'à force de travail, ça payerait?

Depuis quelques mois, j'ai choppé les boules. J'ai fait deux grosses crises. Impossible de me décontracter et ça s'arrange pas, ça empire.

On me dit de consulter. La belle affaire. Rien à fouttre de parler à un mec ou une nana que je ne connais pas. Je veux bosser, avoir une carrière, un métier et gagner ma vie. Je ne veux rien d'autre. Je suis fatigué de survivre avec trois sous, en tentant de faire bonne figure pour que les gens me demandent pas, d'un air compatissant, des choses...

On me prend pour un nonchalant. Je n'arrête pas de me préparer pour un métier. Je ne sais pas ce qui coince. Si t'as la réponse, je suis preneur. Tu dois surement savoir, toi. Moi non. Je suis en dehors du système alors que j'ai rien demandé.

Et pourtant, je bouge. J'ai fait plusieurs villes, j'envoie des trucs un peu partout dans un gros rayon. Ca ne suffit pas. Ca ne prouve rien pour le mec ou la nana qui lit ma candidature. Il se dit pas que je peux être motivé à envoyer un truc chez lui. Il s'en fout. il cherche un profil. Qui rentre dans ses cases à lui ou à elle.

il parait que je suis un mec intelligent. J'en doute. De plus en plus. L'intelligence, c'est de savoir (sur)vivre et de savoir se débrouiller. C'est pas mon cas. Je n'y arrive pas. Je subis des échecs et encore des échecs.

Rassurez-vous. C'est juste un constat. Je ne voudrais pas vous faire pitié. Oh ça non. Mais je crois qu'on m'a un peu détruit. J'ai dû y participer moi-même. Un peu. Voire beaucoup.

Oui, un mec intelligent. Qui arrive à galvaniser les autres. Du moins, c'est ce qu'on m'a fait comprendre quelques fois au cours de ma vie. La belle affaire. Ces autres ont une vie, un métier et le reste qui va avec.

Je sais pas si je dois intituler cet article "La voie de l'échec" ou "La voix de l'échec", tellement les deux sont liés. Intrinsèquement. Après 7 ans de malheur, ce n'est qu'une certaine continuité.

Et pourtant, j'ai bossé dans ma vie. Pour les autres. Mais je ne l'ai pas gagné. J'en ai fait des corvées de merde. Pour que dalle. Avec toute l'intelligence qui me caractérise. La belle affaire...

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